l'approche socio-économique fonde sa crédibilité scientifique sur les résultats du programme de recherche de l'iseor, qui a pour orientation générale de308 :
démontrer par l'expérimentation au sein des entreprises et organisations, et par la conceptualisation qui en découle, les conditions de compatibilité de leurs objectifs sociaux et économiques ;
étudier les conditions de réussite des stratégies socio-économiques associant étroitement la politique sociale et la politique de personnel à la politique générale de l'organisation.
l'approche socio-économique est une méthode de changement qui débouche sur un management socio-économique visant à analyser le fonctionnement global des entreprises et organisations, et à articuler les variables sociales et les variables économiques selon un processus dialectique changement/construction.
Sur un plan méthodologique, elle se distingue, notamment, par :
la méthode de diagnostic socio-économique des organisations qui permet des applications moins coûteuses et plus rapides pour les entreprises ;
la méthode d'évaluation qqfi (qualitative, quantitative et financière) permettant d'organiser des informations de natures différentes au sein d'un instrument de pilotage décentralisé.
Dans les schémas suivants, nous présenterons les convergences et les spécificités de l'approche socio-économique par rapport :
aux différentes formes et méthodes de recherche présentées dans ce chapitre ;
aux différents courants de changement décrits dans ce même chapitre.
Spécificités | Convergences | |
Méthode de recherche socio-économique |
Recherche pure | |
développe des concepts et des outils ayant une application pratique ; respecte une méthodologie rigoureuse composée de quatre phases : diagnostic, élaboration de projet, mise en oeuvre du projet et évaluation ; s'adresse à une audience académique, à des chefs d'entreprise, cadres, etc. |
vise à mettre au point des développements théoriques, qu'ils aient ou non des implications pratiques ; elle prend trois forme : la découverte, l'invention et la réflexion ; s’adresse principalement à une audience académique. |
résultats largement diffusés à travers les livres, articles, colloques, thèses, communications, dans le cadre de conférences et colloques |
Méthode de recherche socio-économique |
Recherche appliquée | Convergences |
explique les causes des dysfonctionnements, propose des solutions, les met en oeuvre et évalue les résultats ; soumet un avis d'expert à l'appréciation de l'organisation étudiée. |
explique ce qui se passe réellement sur le terrain, plutôt que de se contenter de le décrire ;ne va pas jusqu'à la mise en oeuvre des solutions proposées et à l'évaluation de leurs résultats ; fait toujours auprès du client un compte rendu de la recherche appliquée. |
recherche de solutions à des problèmes très spécifiques ; travail avec des clients qui, à l'origine, ont identifié ces problèmes ; en cas d'accord, paiement du chercheur pour qu'il effectue les recherches qui sont nécessaires pour trouver la solution appropriée ; application dans des programmes de formation de troisième cycle ou Master. |
Méthode de recherche socio-économique |
Recherche-action | Convergences |
fondée sur un constructivisme qui oblige le chercheur à entrer dans le jeu des acteurs, pour mieux l’observer, et à en sortir pour mieux le critiquer ; se démarque par sa méthodologie rigoureuse et par ses outils opérationnels permettant de limiter les risques liés aux biais possibles. |
comporte le risque d'effets mal maîtrisés des interactions entre l'analyste et le milieu analysé. | association de l'analyse à la transformation de la réalité étudiée ; application par des chercheurs qui interviennent dans les organisations pour y appliquer l'observation participante ; coopération entre les participants et les chercheurs. |
Spécificités | Convergences | |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode déductive | |
oblige le chercheur à participer avec les acteurs concernées pour analyser l'objet étudié et proposer des solutions innovatrices ; accepte facilement un processus circulatif des connaissances ; part de l'analyse de cas particulier pour généraliser les résultas. |
exprime couramment le positivisme fondé sur l'extériorité ;
incite le chercheur à observer une position de neutralité et à ne pas pénétrer dans le jeu des acteurs ; consiste à émettre des hypothèses à partir de construits théoriques, de modèles explicatifs, et/ou de données préalablement recueillies ; comporte une démarche cartésienne qui consiste à partir du général pour arriver au particulier. |
intégration de la démarche déductive dans l'intervention socio-économique |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode inductive | Convergences |
observe des cas réels desquels elle tire des propositions pratiques | opte pour des observations limitées desquelles elle tire des hypothèses et des propositions théoriques. | généralisation à une classe d'objets ce que l'on a observé sur un individu ou quelques cas particuliers ; permet de sentir la pertinence d'un sujet par rapport au terrain ; inscription dans des programmes de recherche ; accumulation de connaissances sur les pratiques et les situations objectives |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode analytique | Convergences |
comporte la méthode "HORIVERT" qui permet d'analyser les phénomènes de manière horizontale et verticale avec la participation du plus grand nombre d'acteurs possible ; analyse le fonctionnement des organisations d'une manière dynamique. |
a pour objectif de repérer la plus petite unité d’analyse possible et de recomposer l’ensemble en un tout compréhensible et explicatif des phénomènes observés ; n’est possible que pour l’étude de phénomènes stables et permanents des sociétés |
concordance harmonieuse des modèles théoriques avec les situations empiriques |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode clinique | Convergences |
se réalise au moyen d'une méthode comportant quatre phases précises (diagnostic, élaboration d'un projet, mise en oeuvre du projet et évaluation des résultats) ;
s'appuie sur des outils opérationnels ; propose des solutions pratiques aux problèmes réellement observés sur le terrain ; impose la neutralité de l'intervenant au moyen de la démarche scientifique qu'elle emprunte et des outils opérationnels et méthodiques qu'elle utilise ; vérifie la pertinence de ses outils et de la démarche adoptée dans plusieurs organisations appartenant à divers secteurs d'activité. |
peut être réalisée en recourant à trois méthodes : le suivi continu, l'échantillonnage du temps, et l'observation participante ;
se fonde sur une interprétation théorique des observations empiriques ; soulève des problèmes d'éthique, de fiabilité et de neutralité de l'observateur par rapport aux phénomènes observés ; comporte le risque d’une faible généralisation des résultats obtenus à partir de solutions particulières |
étude des mécanismes de fonctionnement des organisations par le moyen d'une observation de son objet sur un temps plus ou moins long pour suivre les évolutions naturelles ou les changements provoqués ;
forte interaction entre le chercheur et les membres de l’organisation étudiée ; confusion avec la recherche-intervention lorsque le chercheur organise une action destinée à susciter un changement dans la structure d'accueil |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode expérimentale | Convergences |
se déroule au sein même du milieu étudié ; analyse les dysfonctionnements tels qu'ils se présentent réellement sur le terrain ; implique le plus grand nombre d'acteurs possible ; aborde le fonctionnement des organisations dans sa globalité et sa complexité |
se déroule en dehors du milieu naturel de l'objet observé ;
construit en laboratoire ou sur le terrain une simulation contrôlée du réel ; limite par un choix volontaire, la présence des variables à mettre en interaction ; ne cherche pas à représenter la réalité organisationnelle avec toute sa complexité ; focalise l'éclairage sur un champ d'observation généralement plus restreint de façon à mieux le cerner et à l'approfondir |
meilleurs contrôle et compréhension des variables pertinentes relatives à l'étude du problème. |
Méthode de recherche socio-économique |
Méthode statistique | Convergences |
fait appel à des indicateurs quantitatifs, qualitatifs et financiers selon la méthode qQfi. | se compose de statistique descriptive et de statistique explicative : la première a pour objet de mettre en oeuvre des procédés numériques afin d'interpréter les données, la seconde a pour objet la mise en oeuvre de techniques numériques sophistiquées dans le but de mettre en lumière des liens de causalité, des relations élémentaires entre des faits nombreux et complexes. | articulation de la statistique descriptive et de la statistique explicative dans un même projet socio-économique |
Spécificités | convergences | ||
Approche socio-économique | Conception de la macrostructure | ||
vise une amélioration conjointe des performances économiques et sociales ; favorise des actions dynamiques de développement et de création du potentiel, plutôt que de réduction des charges ; s’applique aussi bien aux organisations en situation économique prospère qu’à celles en difficultés économiques ; fait participer fortement les acteurs du micro-espace étudié ; met en oeuvre les solutions de manière aisée en raison de l'implication des acteurs. |
vise à doter l'organisation d'une macrostructure adaptée à sa stratégie et à la distribution du pouvoir en son sein découpe les activités, rattache les unités et définit les responsabilités hiérarchiques au sommet s'applique aux domaines de réorganisations globales, fusions et concentrations fait participer faiblement les acteurs concernés ; se réalise très délicatement. |
intervention d’un consultant. |
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Approche socio-économique | Modélisation systémique | Convergences | |
considère l'organisation comme un ensemble de structures interagissant avec des comportements humains pour assurer un fonctionnement permettant de générer la production de biens et services ; permet la régulation des dysfonctionnements et la réduction des coûts cachés qui en découlent, selon une méthode participative renforcée par un effet-miroir. |
considère l'organisation comme un système finalisé, composé de sous systèmes en interaction entre eux et avec l’environnement externe dont il s’agit d’étudier le fonctionnement de manière à en améliorer le contrôle ; montre comment détecter les dysfonctionnements sans indiquer la manière de les corriger. |
détection des dysfonctionnements qui affectent l'efficacité de l'organisation et amélioration de son système de pilotage ; prise en compte des facteurs quantitatifs et qualitatifs ; principe de l'interactivité des environnements interne et externe. |
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Approche socio-économique | Méthodes de réduction des coûts et d’accroissement de la productivité | Convergences | |
analyse le fonctionnement global des organisations ; renforce et consolide les bonnes procédures en vigueur dans l'organisation ; implique fortement tous les acteurs concernés ; propose des solutions développant les performances économiques et sociales. |
ne s'intéresse qu'au seul aspect organisationnel et ignore les autres aspects aussi importants ; reconsidère, d'une manière critique, tous les choix effectués par l'organisation ; fait participer faiblement les acteurs concernés ; propose des restructurations se traduisant souvent par des réductions d'effectifs. |
recherche de la réduction des coûts ; classification du processus et identification des dysfonctionnements. |
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Approche socio-économique | analyse et amélioration des conditions de travail | Convergences | |
s'appuie sur les éléments du diagnostic socio-économique qui met en évidence les dysfonctionnements et leurs coûts cachés. |
associe les éléments de diagnostic tirés de la situation de travail et de la gestion des ressources humaines. |
apport d'un éclairage critique sur le fonctionnement de l'organisation afin de l'améliorer ; rapprochement des exigences du poste des compétences des individus en vue d'assurer une meilleure adéquation formation-emploi. |
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Approche socio-économique | approche sociotechnique | Convergences | |
s'applique à tout genre d'organisation, privée ou publique à but lucratif ou non, quel que soit le secteur d'activité ; s’appuie sur des indicateurs quantitatifs, qualitatifs et financiers qui portent sur la performance économique immédiate et à moyen terme ainsi que sur les performances sociales ; emprunte une approche globale du fonctionnement des entreprises et des organisations ; apporte des méthodes, des concepts et des outils opérationnels; permet une évaluation qualitative, quantitative et financière des changements mis en oeuvre. |
considère que chaque organisation est un cas particulier, ce qui ne permet pas de généraliser les résultats des recherches ; présuppose la disponibilité d’informations sur la performance grâce aux systèmes traditionnels de mesure ; n'appréhende pas le fonctionnement des organisations dans sa globalité, focalise l’éclairage essentiellement sur les aspects structuro-comportementaux liés à la technique ; ne conceptualise pas le fonctionnement des organisations ; n'évalue pas les aspects quantitatifs et financiers des solutions proposées. |
utilisation d'une démarche méthodologique de type ascendant pour l'élaboration de projet de changement, impliquant une participation directe des acteurs en amont de l'intervention ; principe de la capacité des acteurs à s'organiser en groupes et à s'autoréguler pour détecter les dysfonctionnements et rechercher les solutions adéquates. |
H. Savall et v. Zardet, "Maîtriser les coûts et les performances cachés...", op cit, p.353.