3.1.3.6. Nouvelles théories économiques de l'entreprise

plusieurs théories se sont intéressées au rôle économique de l'entreprise. parmi elles, la théorie des coûts de transaction, mise au point par R. Coase380.

cette théorie considère que l'entreprise correspond à un mode de coordination interne qui repose sur une organisation administrative connue sous l'appellation "hiérarchie", alors que le marché repose sur une coordination externe régulée par les prix.

Les coûts de transaction sont constitués de tous les coûts qu'impose l'accès au marché, tels que les coûts d'information, de négociation, de conclusion de contrats, etc.

L'importance des coûts de transaction influence le choix des entreprises d'opter soit pour la hiérarchie, soit pour le marché.

Plus tard, O. Williamson381 a repris le paradigme de R. coase pour définir les formes d'organisation qui minimisent les coûts de transaction.

L'apport de la théorie des transactions en matière de compréhension de la nature des décisions des entreprises est incontestable, notamment lorsqu'il s'agit d'organisations à réseaux.

Pour conclure, soulignons que la grande incertitude qui caractérise aujourd'hui l'environnement des organisations a remis en cause de nombreux concepts et analyses. p ar ailleurs, le marché des gourous du management est devenu inlassablement encombré par le foisonnement déroutant des théories, concepts, méthodes, et techniques dont on peut citer : transversalité 382 , qualité totale 383 , benchmarking 384 , éthique 385 , gestion de projet 386 , reengineering 387 , qualité de service 388 , entreprise en réseaux 389 , entreprise virtuelle 390 , empowerment 391 , apprentissage organisationnel 392 , coaching 393 , etc .

La seule analyse partagée par tous est que les entreprises et organisations vivent aujourd'hui une période de turbulence qui appelle de nouveaux repères.

Peter Drucker estime que seuls l'externalisation et le reengineering sont capables d'apporter des éléments nouveaux alors qu'avec le benchmarking ou le downsizing394, on ne fait que reproduire ce qui existe déjà. D'autres auteurs viendront avec des idées différentes pour enrichir le champ du management.

Pour notre part, nous estimons que l'analyse socio-économique, mise au point par H. Savall et développée par les chercheurs de l'ISEOR, présente un double avantage pour les entreprises et organisations395 :

Après avoir défini le concept de management et ses niveaux et après avoir présenté les principaux courant de la pensée managériale, nous allons maintenant analyser la notion de management public.

Notes
380.

J-P. Helfer, M. Kalika et J. Orsoni, "Management, stratégie et organisation", op cit, p.360.

381.

O. E. Williamson, "les institutions de l'économie", Paris interEditions, traduction française, 1994, 404 pages.

382.

Une analyse transversale est une méthode de recherche qui privilégie l'observation simultanée de nombreux individus ou objets sociaux sur toute une population ou un échantillon. Il s'agit d'une observation réalisée sur une période courte, portant le plus souvent sur un grand nombre de sujets, et privilégiant une vision "photographique", par opposition à l'analyse longitudinale, qui privilégie l'observation dans la durée, vision "cinématographique".

383.

La qualité totale est la traduction française de "Total Quality Contrôle" (TQC) utilisé par les Nippons et les Anglo-saxons. c'est un ensemble de techniques et de méthodes organisées en stratégie totale, visant à améliorer l'entreprise pour obtenir une meilleure satisfaction du client au moindre coût.

384.

Le benchmarking est une démarche méthodologique d'amélioration des performances d'une entreprise par une remise en cause systématique. Son principe repose sur l'identification de facteurs clés de succès dans une entreprise jugée exemplaire et observée attentivement afin d'en transposer les principes de fonctionnement, par analogie, à une entreprise soucieuse d'amélioration.

385.

l'éthique en management est un processus de réflexion continue sur les conséquences multiples des actions entreprises.

386.

Le management par projet est une démarche qui consiste à concevoir un projet comme un ensemble de tâches à réaliser, dans un délai imparti, et pour des coûts fixés à l'avance. Cet ensemble de tâches doit être ordonné et hiérarchisé à partir de la configuration du projet lui-même. L'élaboration de cet organigramme permet d'identifier les acteurs devant intervenir, leurs responsabilités, et les moyens dont ils ont besoin. Il correspond à une recherche de transversalité et à une nécessité de coordonner des actions pour créer plus de synergie et de forces centrifuges.

387.

Cf. supra, p.90.

388.

La qualité de service exprime le jugement porté sur la valeur d'un service. Elle traduit l’aptitude d'un service à satisfaire ses consommateurs.

389.

Grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), les organisations peuvent communiquer avec leur environnement sans contraintes d'espace ou de temps. Ainsi, aussi bien les fournisseurs que les clients sont associés à la conception des produits et services.

390.

L'entreprise virtuelle est une entreprise qui perd de sa matérialité. Elle rompt avec une existence physique et se forge un cadre de travail conceptuel. Dans son fonctionnement, elle s'appuie sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

391.

"L'empowerment" est une démarche démocratique qui favorise la prise de décision par un plus grand nombre d'agents.

392.

L'entreprise est conçue comme un être social capable d'accumuler des connaissances, de les interpréter, de les garder en mémoire. En somme; elle est perçue comme une organisation engagée dans un processus d'apprentissage.

393.

Le "coaching" désigne une pratique de management des hommes, inspirée du modèle sportif, et qui consiste à donner la priorité à l'encouragement, à l'écoute, et au développement des autres afin d'en faire des gagneurs. Le "coach" est l'entraîneur, celui qui donne des leçons particulières personnalisées et qui est très proche des autres.

394.

Le "downsizing" est une démarche qui consiste à réduire les dimensions inutiles et superflues.

395.

H. Savall et V. Zardet, "Ingénierie stratégique du roseau", op cit, pp.11et s.