3.2.2.3. Notion de fonction publique

Lorsque l'on parle de transformation et d'amélioration de la qualité du service public, on a souvent tendance à oublier dans ce vaste processus de rationalisation une dimension fondamentale : celle constituée d'un corps de fonctionnaires ayant pour mission de servir à la fois l'Etat et la société.

La fonction publique est justement composée de l'ensemble des personnes physiques et morales constituant l'administration de l'Etat et dont la mission est de produire les services publics.

Les employés des services administratifs sont nommés agents publics d'Etat et jouissent d'un statut particulier qui diffère de la législation du travail appliquée aux salariés du secteur privé.

connu sous le nom de statut de la fonction publique, il puise ses règles du principe de l'intérêt général guidé par la célèbre trilogie continuité-égalité-mutabilité435. De ce fait, la fonction publique devrait oeuvrer selon des valeurs telles que : "‘la méritocratie, la compétence, la motivation pour l'intérêt général, l'intégrité morale, la loyauté politique et l'objectivité du comportement’"436.

La sauvegarde de ces valeurs est assurée par le statut de la fonction publique. Celui-ci peut être défini comme : "‘une construction juridique qui fixe impérativement la hiérarchie des organes et l'agencement des compétences; et impose des règles strictes concernant, par exemple, le recrutement et le statut du personnel’"437.

‘Il en découle que les garanties fondamentales qui régissent la relation Etat-fonctionnaire sont du domaine de la loi.’

La notion de garantie fondamentale est constituée de tous les principes relatifs aux droits, aux obligations, et aux avantages, dont bénéficient les fonctionnaires de l'Etat dans leur situation statutaire. Dans le statut de la fonction publique marocaine, ces principes concernent l'égalité, la consultation, le droit des personnes, le droit de la protection, les pensions, etc.438

Aussi, le statut de la fonction publique définit-il de manière précise :

On a souvent reproché à l'administration de ne pas se préoccuper de la motivation de ses agents. "‘du fait de la rigidité des structures et règles de la fonction publique, de la quasi-absence d'un système de sanctions-récompenses, et de l'absence d'autonomie dans les différents services où on doit agir sous contraintes juridiques et financières très serrées, l'administration n'influence que très peu la motivation de ses ressources humaines’"439.

Par ailleurs, en sus de la démotivation qui règne au sein du corps des fonctionnaires, on reproche à la fonction publique marocaine de disposer d'un effectif de fonctionnaires supérieur à ses besoins réels440. Cela se justifierait semble-t-il par la volonté de récompenser les militants de la lutte pour l'indépendance et d'absorber une partie du chômage, concernant les diplômés, notamment.

Notes
435.

Christian-Albert Garbar, "les agents du service public français entre contrat et statut", in "Le devenir du service public : comparaison France-Maroc", ouvrage collectif sous la direction de D. guerraoui, N. El Aoufi et J. Barreau, Editions Toubkal et L'Harmattan, 1997, 338 pages, p.289.

436.

P. Bernard, "La réforme de l'Etat et la modernisation de l'administration face au défi mondial", in "La mise à niveau de l'administration face à la mondialisation", ouvrage collectif sous la direction de Ali Sedjari, Editions L'Harmattan-Gret, 1999, 346 pages, p.111.

437.

H.M. de Boislandelle, "dictionnaire de gestion, vocabulaire, concepts et outils", op cit, p.420.

438.

Pour plus d'approfondissement, voir notamment, Boualem Snoussi, "Les grands textes de la fonction publique", Les Editions Maghrébines, 1996, 326 pages, p.5.

439.

Rachid M'Rabet, "L'administration comme système de gestion", in "La mise à niveau de l'administration face à la mondialisation", op cit, p.179.

440.

Rapport de la Banque Mondiale, in "Questions relatives à l'administration marocaine", Revue marocaine d'administration locale et de développement (REMALD), n°6, Les Editions maghrébines, 1996, 393 pages, pp.365-372.