CONCLUSION DU CHAPITRE 3

La différence entre les managements public et privé se situe essentiellement au niveau des référentiels, des finalités, ou des schémas de représentation respectifs. En utilisant le terme de "management public", on ne change certainement pas la nature du management. Les principes généraux du management ne doivent pas être exclus de la sphère du management public, mais adaptés aux contingences propres à ce secteur. En effet, si l'on considère les définitions données au management public, telles que : "‘Le management d'une organisation publique, c'est avant tout optimiser les moyens financiers, humains, matériels dont elle dispose pour atteindre les missions qui lui ont été fixées"466, ou encore, "Le management public ne peut être réduit à la somme des outils de management moderne : c'est la mise en perspective stratégique de ces outils"’ 467,

on constate qu'elles convergent toutes vers le même sens donné par les définitions au management général : poursuite d'objectifs visant une utilisation optimale des ressources.

Par ailleurs, la nouvelle gestion publique "New Public Management" (NPM) tend à introduire dans le management des organisations publiques, des méthodes du management moderne de type entrepreneurial, telles que la transformation du style de direction, l'effort de responsabilisation des gestionnaires, et l'amélioration des relations avec les administrés.

Parler de gestion des ressources humaines revient à dire que l'administration publique doit appliquer aux rapports avec ses agents les techniques universelles de motivation, communication, recrutement, formation, gestion prévisionnelle des ressources humaines, mobilité,...

Dans l'administration, comme dans l'entreprise, les individus doivent être perçus comme des potentiels, une ressource qu'il faut mobiliser le mieux possible pour améliorer l'efficacité de l'action menée. "En somme le management est le fait des hommes. Et là encore il n'y a pas d'individus prédestinés à exercer dans le privé et d'autres à exercer dans le public a fortiori en ces temps marqués par des problèmes d'emploi et une forte mobilité"468.

‘Dans l'administration, comme dans l'entreprise, il conviendrait de chercher à augmenter le niveau de satisfaction des acteurs afin de renforcer leur motivation et renforcer leur sentiment d'appartenance à l'organisation. ’

La responsabilisation des gestionnaires doit s'inscrire dans la même perspective. Elle consiste, comme dans l'entreprise, à définir un "projet" fixant les objectifs à atteindre et servant d'instrument de mobilisation du personnel.

Cette démarche permet de clarifier les missions et les objectifs assignés aux services, de renforcer l'implication des agents, et de définir les points de référence à partir desquels peut être exercé un contrôle de gestion efficace.

Elle suppose que les services soient dotés d'une autonomie de gestion et que les gestionnaires souscrivent, en contrepartie, des engagements sous forme d'objectifs à atteindre, avec une évaluation périodique des résultats (contractualisation).

L'administration comme l'entreprise cherchent à satisfaire les consommateurs de leurs prestations. Le statut de l'usager, qui marquait la spécificité de la relation entretenue par l'administration avec le public est en train de s'effacer : l'usager n'est en fin de compte qu'un client qui attend de l'administration qu'elle satisfasse le mieux possible ses aspirations.

Dans cette perspective, les administrations sont tenues d'ajuster les prestations offertes en fonction de l'état de la demande, ce qui justifie une étude méthodique des besoins et des attentes du public, de mener une politique volontariste dans sa direction, et d'améliorer la qualité de leurs performances.

En définitive, nous reprenons cette citation qui résume parfaitement notre idée : "...il ne peut y avoir, à mon sens, une quelconque distinction entre une gouvernance dans l'administration et une autre dans l'entreprise. Le management est un , du moins il devrait l'être . Toute structure devrait être mue par un objectif d'efficience et de qualité dans ses produits et dans ses prestations. Elle doit essayer d'y parvenir de la manière la plus optimale possible. Le management moderne est le plus indiqué pour cela. e n conséquence, on peut dire que cette dichotomie n'est que pure construction de l'esprit"469.

Notes
466.

Viriato-Manuel Santo et Pierre-Eric Verrier, "Le management public", op cit, p.17.

467.

Ibid, p.19.

468.

Article de Abderazzak El Mossadeq, Directeur général de l'administration étudiée dans le cadre de cette recherche, publié sous le titre "Le management administratif", in "Initiatives", Revue mensuelle du Ministère marocain de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, mai 1998, 23 pages, p.3.

469.

Article de Abderazzak El Mossadeq, Directeur général de l'Administration étudiée dans le cadre de cette recherche, publié sous le titre "Le management administratif", op cit, p.3.