6.2.2.3. Mise en oeuvre pédagogique

Le processus de production des compétences, qui prend son point de départ dans le dénombrement des activités liées à un emploi et dans l’identification des capacités requises pour les accomplir, suscite un certain nombre d’interrogations sur la nature des mécanismes d’acquisition et de transfert des connaissances à mettre en oeuvre.

L’approche analytique et cartésienne de l’acquisition des connaissances et des situations de travail, qui a marqué de son empreinte l’organisation professionnelle, s’inscrit dans une logique taylorienne. Elle est sectionnée en plusieurs étapes : définition des objectifs pédagogiques, des prérequis, des contenus de formation, des modes d’évaluation, etc.

Cette démarche, adaptée à la logique de l’action, permet de clarifier et de cadrer l’intervention pédagogique. Cependant, le transfert sur la pédagogie de la rationalité analytique a ses limites liées, d'une part, à la complexité des situations de travail, et, d'autre part, à la dimension psychologique des bénéficiaires de la formation689.

Cette difficulté est rencontrée, notamment, lorsqu’il s’agit de décliner une compétence professionnelle en objectifs pédagogiques. Jusqu’où faut-il pousser l’analyse ? Une compétence est-elle vraiment traduisible en objectifs pédagogiques formulés en terme de comportements observables ?

La mobilisation et la mise en oeuvre rapide des connaissances, la capacité à décider en situation d’incertitude, à prévenir les conséquences des actes, à travailler en équipe, à coordonner son activité avec les autres, et à faire preuve de créativité et d’innovation, impliquent des compétences qui ne se limitent pas à la seule possession de savoir et de savoir-faire.

Alors, comment acquérir des aptitudes qui, combinées au savoir théorique et pratique, produisent les compétences nécessaires à l’exercice des activités professionnelles ? Aussi, perçoit-on la difficulté de la définition des objectifs de formation correspondants.

l a performance de l’investissement-formation dépend de sa capacité à mobiliser les compétences. La valeur ajoutée fournie par la formation ne peut être tangible que dans la mise en oeuvre des compétences. " ‘ce qui fonde la valeur de la formation, c’est son aptitude à produire des compétences qui soient effectivement mobilisables en situation de travail’ " 690 .

pour les dirigeants, quelle que soit la pertinence aussi bien de l’organisation que du déroulement du processus pédagogique, l’investissement-formation n’est rentable que s’il y a une application effective et satisfaisante des acquis de la formation.

L’appréciation de la pertinence d’un système de formation ne saurait donc se limiter à l’acte pédagogique. En effet, quel intérêt présentent les connaissances apprises pour l’organisation si elles ne sont pas mises en oeuvre dans des situations réelles de travail ?

Nous verrons dans la troisième partie de cette thèse691 comment la formation intégrée, mise au point dans le cadre du management socio-économique, en fixant des objectifs d'évolution des compétences, répond à ces interrogations.

Notes
689.

Voir michel sonntag, "Développer et intégrer la formation en entreprise", op cit, p.32.

690.

Voir G. Le boterf, S. Barzucchetti et F. Vincent, "comment manager la qualité de la formation", op cit, p.46.

691.

Cf. Infra, p.360.