6.3.2.7. Coûts de formation

La formation, parfois source de dépenses importantes, ne saurait faire abstraction d'un souci d'efficience et échapper aux analyses économiques. En tant qu'investissement immatériel, la formation ne peut limiter ses ambitions de qualité à l'obtention des résultats.

Elle sera interrogée de plus en plus sur ses coûts et en particulier sur le rapport coût/efficacité 744. cela devient d’autant plus pressant que les coûts de la formation tendent à devenir particulièrement élevés pour la collectivité. Cet accroissement des coûts est d'autant plus préoccupant que les besoins de maintien et de développement des compétences vont devenir considérables745.

Au Maroc, la politique du gouvernement actuel, visant à la rationalisation des dépenses de l'Etat et à la lutte contre toutes les sources de gaspillage, n'épargnera certainement pas les systèmes de formation des administrations publiques.

Ainsi, nous étions amenés à nous intéresser à l'efficience du système de formation en vigueur dans l'administration publique marocaine. Faute d'éléments chiffrés permettant d'enrichir notre analyse, nous nous en sommes remis aux propos recueillis lors des entretiens et à notre observation du terrain.

Les différentes personnes interviewées ont été quasi unanimes à considérer que les coûts de formation sont souvent élevés sans réelle adéquation avec les résultats obtenus (hypothèse descriptive n°100).

Ainsi, l'image que se font les fonctionnaires de la formation dans l'administration publique marocaine est qu'elle est chère et peu efficace (hypothèses explicatives n°101 et 102).

‘«l'administration a payé à l'office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) plusieurs millions de dirhams pour mettre en oeuvre un programme national de formation à la Bureautique informatique au profit d'environ 2000 agents. Or, les résultats obtenus sont disproportionnés par rapport aux sommes dépensées. Plusieurs agents parmi ceux qui ont été formés ne manipulent pas encore un micro-ordinateur. Cela s'explique par plusieurs raisons dont notamment la qualité de la formation et les difficultés d'application liées au changement des habitudes de travail et à la disponibilité du matériel informatique».
«J'ai suivi avec plusieurs de mes collègues la première phase d'un cycle de formation en management organisé au profit des cadres supérieurs de l'administration par une grande école nationale de gestion. Ce cycle qui a coûté cher à l'administration a été évalué négativement par la majorité des participants. La qualité des enseignements dispensés était faible et leur contenu était complètement déconnecté de l'environnement professionnel des fonctionnaires. D'ailleurs, je crois que les commanditaires de ce cycle ont dû prendre connaissance de ces dysfonctionnements, dans la mesure où sa deuxième phase n'a jamais vu le jour».
Cadre supérieur Souvent ’ ‘Nous déduisons de ces phrases témoins que les nouvelles connaissances ou les nouveaux savoir-faire acquis par un fonctionnaire ou par une équipe de fonctionnaires ne sont véritablement performants pour l'administration que s'ils s'inscrivent, à moindre coût, dans le processus global de production du service public.’

a cet effet, nous recommandons à l'administration d'opter pour des systèmes de formation dont les coûts ne sont pas élevés et qui permettent une bonne identification des besoins réels de formation et une mise en oeuvre effective des compétences sur les lieux de travail (hypothèses prescriptives n°76, 81 et 103).

C'est la raison pour laquelle nous proposons à l'administration d'adopter la méthode de formation intégrée, issue du management socio-économique qui se distingue par son efficience et efficacité (hypothèses prescriptives n°61 et 104)..

Nous verrons dans la troisième partie de cette thèse comment cette méthode a été implantée avec succès au sein des structures relevant de nos terrains d'expérimentation.

‘A travers les phrases témoins citées dans ce dernier paragraphe, nous pouvons valider notre hypothèse descriptive n°100 et nos hypothèses prescriptives n°60, 61, 76, 81, 103 et 104. Quant à nos hypothèses explicatives n°101 et 102, bien qu'elles aient été appuyées par des phrases témoins et une observation directe sur le terrain, nous estimons qu'elles n'ont été validées que partiellement en raison de l'absence de chiffres officiels renseignant sur l'ampleur des dépenses de formation des administrations publiques.’
Notes
744.

G. Le boterf, S. Barzucchetti et F. Vincent, "comment manager la qualité de la formation", op cit, p.80.

745.

Ibid, p.37.