1.1.1- Qu'est ce que l'analyse de la valeur ? : définitions et caractéristiques

L'analyse de la valeur est une méthode organisée et créative qui remet en cause le produit existant en vue d'améliorer sa valeur. Son but final est de proposer à l'individu, des solutions nouvelles plus satisfaisantes 22 .

"Le mot "produit" est pris ici au sens large et peut signifier un objet, une prestation de service, un processus administratif, une organisation de la production" 23 . Ainsi, l'analyse de la valeur reconsidère le produit en identifiant les « vrais » besoins 24 , par le biais d’une méthode adéquate.

Ces besoins recouvrent d'une part, les attentes de l'individu par rapport à un objet donné, et d'autre part les contraintes de l'environnement sur l'individu.

D'après G. Morin 25 , ces attentes se traduisent par l'analyse en termes de fonctions. Une fois identifiées et triées, ces fonctions répondent à tout ce que l'individu recherche dans le produit.

De même, les fonctions jouent le rôle de médiation entre le produit et son environnement. Ainsi, les composantes du produit qui ne respectent pas les contraintes imposées par l'environnement et qui ne répondent pas exactement aux fonctions demandées, seront remises en cause (i.e. modifiées ou écartées) parce qu'elles s'avèrent inutiles (ne répondant pas à une attente réelle).

L'analyse de la valeur s'appuie sur "une démarche spécifique de conception à la fois fonctionnelle, économique et pluridisciplinaire" 26 qui s'insère dans le cadre d'une logique de résolution de problèmes : elle consiste d’abord, à formuler le problème à résoudre en termes de finalités avec une analyse fonctionnelle du produit recherché par l'individu.

Un compromis entre le souhaitable et le possible est déterminé, en tenant compte des contraintes existantes, reléguées au second plan. Ce compromis qui prend la forme d'une solution effective au problème soulevé, au début de la démarche, conduit en troisième lieu, à la reconception du produit existant, ou à la conception d'un nouveau produit 27 . Ceci explique la dimension créative et organisée qui caractérise l'analyse de la valeur.

A. Silem et A-C. Martinet 28 mettent en relief l'un des objectifs majeurs de l'application de l'analyse de la valeur qui concerne les coûts. En effet, l'estimation des coûts liés aux fonctions est aussi déterminante que la satisfaction des individus. Ainsi, une fonction est considérée de faible valeur si son coût paraît disproportionné par rapport au service rendu 29 .

En «analyse de la valeur», "la chasse aux dépenses des fonctions de conceptions ou de construction est de vigueur" selon J. Michel 30 et permet d'assurer la satisfaction des besoins à moindre coût. Toutefois, elle ne constitue pas une fin en soi, selon E. Krebs, " car il est possible dans certains cas de l'augmenter (c’est- à- dire les coûts) à condition que l'utilité du service rendu soit considérablement améliorée" 31 .

Notes
22.

J.. Michel, Analyse de la valeur : dictionnaire encyclopédique de l'information et de la Documentation, 1990, p.29

23.

R. Le Duff, Encyclopédie de la gestion et du management, Paris : Dalloz, 1999, pp.1260-1261, 1644p.

24.

Bibliothèque des Cahiers de l'Institut de linguistique de Louvain, Les dictionnaires spécialisées et l'analyse de la valeur, actes du colloque organisé par le centre de terminologie de Bruxelles, H. Hermans Louvain-La-Neuve : Peeters, 1997, P.15-21

25.

G. Morin, L’analyse de la valeur : la méthode, pp.5-7

26.

J. Michel, op. cit., 1990

27.

J. Michel, "Management de la valeur pour le développement durable", in : la valeur des produits et services, 1998, http//www.enpc.fr/~michel-j/public/JM307.html (site web consulté le 03/09/1999)

28.

A. Silem et A-C Martinet, Gestion, Paris : Dalloz, 1996, 357p

29.

Association pour le développement de l'analyse de la valeur, op. cit.

30.

J. Michel,. « Analyse de la valeur est-elle bien perçue ? » in : L'analyse de la valeur, une clé pour l'avenir, 1992, pp. 3-4

31.

E. Krebs, "L'analyse de la valeur administrative", in : l'analyse de la valeur : une clé pour l'avenir, 1992, p.14, pp.14-15