1.2.2.2- La décision ou la prise de décision ?

D’après J-M Saussois et J-F Dortier 186 , l’utilisation en français de l’expression «prendre une décision» prête souvent à confusion car elle désigne à la fois la décision en tant qu’objet identifiable et, le cheminement par lequel cet objet sera obtenu. En revanche, Il semblerait que les anglo-saxons rendent mieux compte du sens exact de la décision en employant l’expression «Decision Making Process » qui désigne le «processus d’élaboration de la décision».

La prise de décision se construit au cours du temps et consiste à :

En outre, la prise de décision est une activité intense 187 car elle nécessite à la fois l’évocation des informations déjà stockées en mémoire, la sélection des informations reçues de l’environnement et leur comparaison.

H. Simon, qui a longuement réfléchi sur le raisonnement humain en situation problématique, présente la décision comme un «processus où problèmes et réponses se construisent en même temps» 188 . Pour illustrer son idée, il cite, comme exemple de décision, la construction d’une nouvelle rue dont la réalisation dépend de la résolution des problèmes suivants :

Ce sont autant de problèmes que le décideur doit résoudre pour engager une action. Dans ce sens, H. Simon stipule que « la décision et l’action sont étroitement solidaires » 190 . N. Danila 191 , qui partage cette idée, estime que la décision est le moteur de l’action car elle déclenche le processus de déplacement d’une position A vers une autre position B. Ce processus débute par la constatation d’un problème dont l’analyse mène, d’abord, vers une décision, puis, vers une action 192 .

Toutefois, H. Laroche conteste cette approche qu’il qualifie de simpliste parce qu’elle part, «d’une action clairement identifiable pour remonter dans le temps et cerner d’abord, la décision à l’origine de cette action, puis le problème qui a donné naissance à cette décision » 193 .

H. Laroche souligne précisément que le «cheminement qui va des problèmes aux décisions et aux actions est souvent tortueux, semé d’embûches, plein de surprises et sujet à des interruptions et des arrêts» 194 .

Notes
186.

J. M. Saussois et J.F. Dortier, «Les méandres d’une décision», in : Sciences humaines, hors série, mai-juin 1997, P.4-5

187.

J.P. Gaverni, «Les pièges de la raison», in : Sciences humaines, hors série, mai-juin 1997, pp.34-36.

188.

J.L. Lemoigne, «l’apport de Herbert A. Simon aux sciences de la décision» , in : Sciences humaines, hors série, mai-juin 1997, p.48.

189.

H. Simon, op. cit., 1983, p.8.

190.

idem

191.

N. Danila. Mécanisme de la décision : management et information, de la synthèse à la décision, Conférence de l’AAAF, Strasbourg, 1992.

192.

H. Mintzberg, D. Raisinghani, et A. Théorêt. « The structure of unstructured Decision Process », in : Administrative Science Quartely, vol.21, n°2, 1976.

193.

H. Laroche cité par M. Landry. «L’aide à la décision comme support à la construction du sens dans l’organisation », in : Systèmes d’information et Management, vol.3, n°1, 1998, p.8.

194.

idem, p.10.