2.1- La problématique de l’évaluation ?

Sous le vocable d’évaluation, coexistent plusieurs approches théoriques dominantes et un grand nombre de conceptions, de critères et de démarches qui font de l’évaluation une notion fort à la mode dans différents domaines. Pourtant, le sujet de l’évaluation est loin d’être nouveau car sa pratique qui, a concerné aussi bien le secteur public que le privé, remonte au tout début du vingtième siècle.

D’après F. Rangean et al., l’évaluation fut d’abord appliquée «au calcul du rendement du travail humain, ensuite adoptée par les sciences de l’éducation pour désigner l’étude à la fois quantitative et qualitative des effets des politiques éducatives …. La notion se répand dans les sciences sociales (économie, sciences politiques) puis dans le vocabulaire administratif où elle se substitue au cours des années 1970 à l’expression « rationalisation des choix budgétaires ». A la fin des années 1980, l’évaluation devient un concept clé de la politique de modernisation de l’Administration » 250 .

A peu près à la même époque, l’évaluation a connu du succès dans le monde des entreprises avec l’essor du management stratégique. Pour les entrepreneurs, l’évaluation est un outil du pilotage qui leur permet de répondre aux questions suivantes :

  • Où allons-nous ?
  • Où en sommes-nous ?
  • Que devons-nous changer ?
  • Et avec quelle méthode pouvons-nous le faire ?  251

D’autres auteurs, tels que E.G. Guba et Y.S., Lincoln 252 , ont décrit le rôle de l’évaluateur qui a évolué au cours de quatre générations :

  • A la première génération, l’évaluateur s’est contenté de mesurer et de faire des tests.
  • Au cours de la deuxième génération, ses activités se sont multipliées car il devient responsable de la conception du processus d’évaluation et de son suivi. Ce processus comporte la description des objectifs, l’analyse des problèmes et/ou des opportunités ainsi que l’appréciation des résultats.
  • La position de l’évaluateur s’est renforcée par l’institutionnalisation de l’évaluation à la troisième génération.
  • A la quatrième génération, l’évaluation s’est libérée de son aspect rigide pour devenir plus humaine et plus dynamique. Sa pratique est désormais partagée entre l’évaluateur (qui, de contrôleur passe au rôle d’interlocuteur) et les bénéficiaires de l’évaluation.

A travers ces évolutions, l’évaluation a pu acquérir un statut transdisciplinaire et a gagné en attrait. Cependant, elle continue à faire l’objet de plusieurs réflexions de spécialistes en sciences politiques, sociales et de gestion, qui ont tenté de simplifier son jargon et ses méthodes.

S’appuyant sur leurs travaux, nous définirons dans ce chapitre, le concept de l’évaluation. Le but étant de lever le flou conceptuel qui entoure cette notion dans la littérature et de retenir une définition applicable au contexte des Bibliothèques. Ensuite, nous passerons en revue les différentes significations que pourrait avoir l’évaluation selon deux approches : approche socio-politique et approche technico-économique. Enfin, nous analyserons les critères et les outils les plus récurrents de l’évaluation.

Notes
250.

F. Rangeon, op. cit.., pp. 11-12.

251.

F. Boneu, op. cit.

252.

E.G, Guba et Y.S. Lincoln. Fourth Generation Evaluation, Newbury Park : Sage Publications, 1989.