2.1.1.1- Evaluer, n’est pas contrôler 

L’évaluation et le contrôle divergent sur l’objet et la finalité. Alors que le contrôle est fondé sur une rationalité juridique, «l’évaluation est présentée comme une méthode basée sur une rationalité économique visant à mesurer des résultats et à analyser des effets» 256 prévus et imprévus.

Réalisé par des experts et destiné aux décideurs en situation de pouvoir 257 , le contrôle a pour tâches la vérification, la surveillance et l’inspection. L’importance de ces tâches suppose une position d’autorité du contrôleur 258 , dont le rôle consiste à vérifier la régularité des procédures et la conformité légale des actions mises en œuvre. Son rôle s’achève donc, une fois que les dysfonctionnements sont décelés et que les responsables sont désignés.

A l’inverse, l’évaluateur pousse son analyse jusqu’à la reconnaissance des causes de ces dysfonctionnements, en se référant à un système de valeurs. Par ailleurs, l’évaluation se base sur une démarche participative. Selon J. Dejean, V. Bourassin et K. Mortreux 259 , la pratique de l’évaluation suppose la participation de plusieurs acteurs y compris les experts du contrôle et implique la confrontation de leurs opinions et de leurs valeurs. Pour toutes ces raisons, il nous semble que l’évaluation et le contrôle sont différents. Toutefois, leur relation est devenue étroite depuis l’émergence de l’expression «contrôle de gestion».

D’après H. Allègre et F. Mouterde, le contrôle de gestion est un outil de pilotage et un ensemble de «procédures capables de fournir aux responsables, les éléments nécessaires à la maîtrise de la gestion dans le cadre des objectifs préétablis» 260 . Cet outil a pour objet «la recherche de l’efficience, c’est- à- dire l’obtention du meilleur résultat possible en fonction des moyens disponibles et des dépenses engagées» 261 .

C’est ainsi que J. Dupuis 262 considère que le contrôle de gestion est un outil d’évaluation, et que ses données chiffrées (de type économique) permettent de comparer les résultats obtenus aux moyens disponibles et aux effets économiques prévus. Cependant, l’évaluation dépasse le contrôle de gestion dans la mesure où elle prend en compte, dans son appréciation, les résultats d’autres effets (culturels et socio-politiques). Entendu dans ce sens, le contrôle est sous-jacent à l’évaluation.

Notes
256.

F. Rangeon, L. Roubon et. al., L’évaluation dans l’Administration , Paris : PUF, 1993, p.15,.191p. .

257.

J. Priou et M.F Lefilleul, op. cit.

258.

H. Allègre et F. Mouterde, Le contrôle de gestion : méthodes, outils, tableaux de bord, Paris : Editions du Moniteur, 1989, 166p.

259.

J. Dejean, V. Bourassin et K. Mortreux, «Culture de l’évaluation et fascination pour les indicateurs», in : Politiques et management public, vol.16, n°2, juin 1998, pp. 161-174.

260.

H. Allègre et F. Mouterde, op. cit., p. 17.

261.

F. Rangeon, op. cit., p. 16.

262.

J. Dupuis. Le contrôle de gestion dans les organisations publiques, Paris : PUF, 1991, 170p.