2.1.5 - Le dispositif d’évaluation à retenir

L’évaluation, telle que nous l’avons définie, se présente comme la clé de voûte de la stabilité de toute organisation de nature systémique et de l’amélioration de ses performances. Grâce à son dispositif, des valeurs sont édictées et des objectifs sont fixés, ce qui confère une légitimité aux décisions mises en œuvre. Par le biais de l’évaluation, les moyens et les processus de transformation poursuivis sont appréciés en regard des résultats (efficience) et des objectifs (pertinence). De même, les résultats seront rapprochés des objectifs (efficacité) et des valeurs attendues (impact).

L’évaluation se situe, rappelons-le, dans une perspective d’aide à la décision des organisations. Son rôle, selon H. Simon 328 , consiste dans un premier temps, à filtrer l’information utile à la décision qui arrive par divers canaux, formels et informels. La prise en compte de cette information permet d’avoir une bonne connaissance de la structure de l’organisation et de sa situation par rapport à son environnement.

L’évaluation permet dans un second temps, de comprendre comment analyser cette situation pour trouver des solutions au problème posé et à les hiérarchiser selon leurs priorités (i.e. niveaux d’objectifs). L’aspect le plus visible dans l’évaluation permet de soutenir les décideurs quand il est question de choisir une solution parmi un nombre donné d’alternatives. L’évaluation semble donc parfaitement intégrée dans le comportement décisionnel et non réduite en un simple exercice technocratique comme le notent K. Cabatoff et J-Y Bion 329 .

Nous pensons que toute organisation est évaluable malgré sa complexité. Il suffit de la redéfinir par des objets évaluables (précédemment décrits) et de répondre aux questions suivantes :

Pour identifier chaque objectif de l’organisation, une décision sera prise. Cependant, cette décision ne peut pas être définitivement fixée, puisqu’elle est Loin d’être parfaite. En conséquence, le recours à l’évaluation rend cette décision objectivement observable, sa rationalité appréciée et son ajustement possible.

Dans un premier temps, il convient d’apprécier la cohérence interne de l’organisation en général et de contrôler tout particulièrement l’efficacité et l’efficience des décisions opérationnelles déjà prises. Rappelons à ce stade, que l’efficience d’une action s’évalue en comparant le coût des moyens aux résultats (coût-efficacité et coût-avantage). Cette évaluation permet d’examiner comment les différents acteurs impliqués dans la réalisation de l’action interagissent et travaillent au quotidien. Cette évaluation permet de trouver des réponses aux interrogations suivantes :

L’évaluation de l’efficacité consiste à apprécier l’adéquation de l’action au regard des besoins auxquels les décisions prétendent répondre. C’est la mesure de l’atteinte des objectifs où l’évaluateur devra répondre aux questions suivantes :

Dans un second temps, il est question d’évaluer la pertinence des décisions stratégiques qui sont appréciées en évaluant la cohérence entre l’organisation et son environnement. A ce niveau, la recherche évaluative se base sur le critère de pertinence en répondant aux questions principales suivantes :

Dans un troisième temps, il s’agit d’apprécier les conséquences des décisions prises sur l’environnement de l’organisation en tentant de répondre à la question suivante :

Notes
328.

J. Thévenot et A. Gogats. «Une interview de H.A. Simon : Libres propos sur la prise de décision et son apprentissage», in : Revue Française de Gestion, juillet- août, 1993, pp. 112-116.

329.

K. Cabatoff et J-Y Bion. La gestion des évaluations : cinq leçons de l’expérience canadienne. in : Politiques et management public, vol.10, n°4, décembre1992, pp. 123-139.