Pour M. Marchesnay, le management stratégique «est responsable (…) à la fois de la qualité intrinsèque des orientations stratégiques - pertinence des projets industriels - et de l’efficacité de leur mise en œuvre tant en terme techniques - réunion des aptitudes nécessaires - que socio-politiques - adhésion suffisante des acteurs internes» 345 . Il devrait, selon R-A Thiétard 346 , prendre en compte deux logiques et en assurer l’équilibre : la logique des facteurs et la logique des acteurs (voir fig.6) :
D’abord, la logique des facteurs tient compte des aspects économiques de l’entreprise. Elle concerne l’analyse de l’avantage concurrentiel de l’entreprise et du cycle de vie de ses produits. Ce type d’analyse se base généralement sur des grilles, des modèles d’analyse statistiques, etc. Cela représente la dimension technico-économique du management stratégique.
Ensuite, la logique des acteurs prend en considération les attitudes des acteurs vis-à-vis des actions de l’entreprise aussi bien sur le plan interne qu’externe :
Au cours de ces dernières années, le management stratégique appliqué en entreprise tend vers la conciliation entre ces deux logiques, ce qui semble en revanche difficile à réaliser. En effet, la recherche des valeurs sociales pose de sérieux problèmes 349 car ces valeurs sont «portées par les individus de façons très diversifiées, fragmentées et évolutives. Cette fragmentation condamne les managers … à inventer des nouvelles formes d’organisation du travail, évolutives et différenciées» 350 .
La solution suggérée par les théoriciens de la gestion pour composer avec ces difficultés, est de considérer l’entreprise comme un système en interaction dynamique avec d’autres systèmes. Les composants du système de l’entreprise sont décrits par M-N Amalbert et al. 351 comme suit :
Quant à l’environnement externe de l’entreprise, il est représenté par des contraintes à respecter et des opportunités à saisir. Cet environnement est composé de 352 :
Le rôle du manager serait donc, de contrôler la relation entre ces composants (qui communiquent entre eux) et l’environnement extérieur pour en déceler les écarts. Le but étant de prévoir l’utilisation des entrées à bon escient avec un maximum d’efficacité pour obtenir des sorties compétitives et plus proches de la demande. Le contrôle et la prévision s’effectuent, selon un plan dans lequel les objectifs sont fixés, les programmes d’actions (stratégiques et opérationnelles) à suivre sont inscrits et les budgets repartis selon ces actions sont décrits 355 .
La conception du plan et sa révision sont connues chez les théoriciens de la gestion par les fonctions de planification et de pilotage.
idem., p.11.
R-A Thiétart. «La stratégie mixte et ses syndromes», in : Harvard-L’Expansion, Automne, 1981, pp.46-56.
M. Marchesnay, op. cit., 1994, p. 44.
G.J.B. Probst, op. cit...
Des pressions socio-politiques viennent freiner la liberté d’agir des entrepreneurs. Le problème de la précarité de l’emploi est un phénomène qui les concerne directement. Pour lutter contre le chômage, la création et le maintien de l’emploi incombent désormais aux entreprises qui ne sont plus libres de décider de recruter ou de licencier. A.C. Martinet souligne dans ce sens, que «la décision relative à l’emploi (et singulièrement le licenciement bien sûr) se voit aujourd’hui de plus en plus partagée entre les diverses parties prenantes : personnels, syndicats, collectivités locales, pouvoirs publics…». Dans un autre registre, la mondialisation de l’économie a profondément modifié la relation entre le producteur et le consommateur depuis que la demande est devenue inférieure à l’offre. Le consommateur devient plus exigeant et revendique, selon l’expression d’A.C. Martinet, des produits de qualité ayant un prix raisonnable et livrés dans un court délai, faute de quoi, il a tout le droit de demander d’être «indemnisé». Par crainte de poursuites judiciaires, les entreprises sont appelées à assurer plus de transparence à leurs produits et à proposer des garanties pour les consommateurs. Au-delà de ces revendications, les entreprises doivent prêter de l’attention aux mouvements écologistes (en France et en Allemagne, les partis écologistes sont très présents dans l’espace politique et sont à l’origine de la fermeture de plusieurs centrales nucléaires) qui les obligent à assurer au niveau interne des conditions de travail sécurisantes et au niveau externe, le respect de l’environnement écologique (recyclage des déchets par exemple).
D. Génélot, op. cit., p. 31.
M-N Amalbert, op. cit.
M. Marchesnay, op. cit., 1995, pp. 27-28.
idem., p. 28.
M. Porter cité par M. Marchesnay, op. cit., 1995.
H. Fayol cité par M. Marchesnay, op. cit., 1995.