L’évaluation telle qu’elle est définie dans le décret du 22 janvier 1990 porte sur des politiques ou des actions publiques. Par le terme politique, C. Jameux désigne en règle générale toute action qui «donne du sens aux décisions, c’est à dire explique leur raison d’être (leur cause) ou bien oriente leur perspective par les buts qu’elle retient (leur finalité) ou bien encore leur donne une signification (leur valeur)» 375 .
Selon P. Gibert 376 , le succès d’une politique dépend de trois conditions qui doivent être simultanément réunies :
Dans l’espace public, le terme de politique renvoie, selon J.C. Thoeing et Y. Meny 377 , à un projet qui doit obtenir certains effets. Toute politique publique repose sur un problème à résoudre. Ce problème, défini collectivement, renvoie à des besoins exprimés par une population visée et déclenche «une séquence d’actions comportant la production d’une réponse plus ou moins institutionnalisée» 378 (voir fig.7).
Comme le notent J.C. Thoeing et Y. Meny, une politique publique est le «produit de l’activité d’une autorité investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale» 379 . Cette autorité représente, selon P. Knoepfel et F. Varone, «des acteurs étatiques et sociaux interdépendants, dont les valeurs, les intérêts, les appartenances institutionnelles et les ressources varient» 380 . Ce sont, par exemple, les collectivités territoriales, les Administrations de l’Etat, les institutions à vocation sociale ou technique. Ces acteurs ont pour rôle de protéger des référentiels communs. J-Y Bion 381 distingue trois catégories d’acteurs d’une politique publique :
W. Bussmann, U. Klöti et P. Knoepfel 382 distinguent deux types de politiques publiques à savoir :
J-F Auby 383 reconnaît deux catégories d’organisations qui représentent l’autorité publique en France. Ces catégories sont régies par une relation de subordination :
J-F Auby apporte des précisions quant à la nature des relations de tutelle qui «correspondent à la situation dans laquelle une structure publique dispose de la possibilité juridique de s’opposer à des décisions de la structure placée sous tutelle ou de les reformer» 388 . D’après cet auteur, les buts de la relation de tutelle sont multiples. Il cite :
Ainsi, chaque établissement public doit rendre compte à l’autorité de tutelle de l’intérêt général de ses services publics. J-F Auby définit la notion de service public comme étant le service rendu aux utilisateurs qui le demandent collectivement. La législation française a fixé les principes à appliquer dans le service. J-F Auby cite :
J. Dupuis 391 souligne, quant à lui, la diversité des services publics selon le type de l’organisation publique considérée. Ainsi, les étudiants, les collectivités locales et les futurs employés sont les principaux utilisateurs d’une université qu’elle doit desservir et avec qui elle doit entretenir des relations. Sa politique publique devrait conduire à préparer ses utilisateurs à l’accès à un métier, à réduire les inégalités entre eux et à favoriser leur enrichissement culturel. Or, ces objectifs sont, selon J-F Auby, difficiles à apprécier en raison de l’abondance des services à offrir aux utilisateurs.
Pour J. Dupuis, la difficulté réside dans les organisations publiques elles-mêmes qui sont réparties horizontalement et verticalement :
Le souci majeur des organisations publiques est de concilier ces deux logiques. Contrairement aux entreprises privées qui recherchent principalement le profit, le but des organisations publiques dépasse la simple fourniture de service public puisqu’elles visent l’effet lié à ce service.
J. Dupuis met en lumière une autre spécificité propre aux organisations publiques. Elle concerne la gratuité de leurs services et leur dépendance à la tutelle sur le plan économique. Par opposition aux entreprises privées dont les ressources financières proviennent directement de la vente des biens ou des services à des clients, les établissements publics fonctionnent par des subventions allouées par les autorités de tutelle.
C. Jameux, op. cit., p.161.
P. Gibert, «La difficile émergence du contrôle de gestion territorial», in : Politiques et management public, vol.13, n°3, septembre 1995, p. 205, pp. 203-221.
J.C. Thoenig et Y. Meny, Politiques publiques, Paris : PUF, 1989.
J-P. Nioche, op. cit., p. 5.
J.C. Thoenig, et Y. Meny cités par A. Faure, op. cit.
P. Knoepfel et F. Varone, «Mesurer la performance publique : méfions-nous des terribles simplificateurs», in : Politiques et management public, vol.17, n°2, juin 1999, pp. 126-127, pp. 124-145.
J-Y. Bion, «L’étude préparatoire d’évaluation, une nouvelle manière de formuler la commande publique d’étude ? », in : Politiques et Management public, vol.17, n°1, mars, 1999, pp. 91-115.
W. Bussmann, U. Klöti et P. Knoepfel, op. cit, p. 55.
J-F Auby, op. cit.
L’unité de base des collectivités territoriales est la commune. Il existe 36 762 communes en France parmi lesquelles 821 ont plus de 10 000 habitants (R. Gaschet. Le management socio-économique des collectivités territoriales, Lyon : Ed. La lettre du cadre territorial, 1998). Au niveau supérieur, on trouve les départements. Il en existe 96 en France qui sont rassemblés dans 22 régions (M.T. Jarrige et J. Péchenart dans «Administration et Bibliothèques», Paris: Ed. du cercle de la librairie, 1990).
R. Gaschet, op. cit., p. 2.
J. Chevalier, «Décentralisation et politiques publiques», in : L’actualité juridique, Droit administratif, avril 1992, pp. 120-126.
L. Chaty, «La responsabilisation et le contrat managérial : figures et outils de la performance administrative en Europe», in : Politiques et management public, vol.17, n°2, juin 1999, pp. 85-103.
J-F Auby, pp. cit., p. 62.
idem.
ibid., p. 100.
J. Dupuis, op. cit., p. 11.