2.4- Quel dispositif d’évaluation pour une Bibliothèque ?
D’emblée, nous pouvons dire que l’évaluation se présente sous forme d’un dispositif étant donnée qu’elle se place avant, pendant et après l’action. D’ailleurs, les schémas retraçant les critères et les paramètres d’évaluation (voir fig.2) résument de façon empirique ce qu’on peut évaluer, à quel moment et avec quel moyen.
Par ailleurs, nous savons qu’un bibliothécaire peut évaluer soit les actions soit les effets de ces actions, et qu’il va lui falloir assurer ces deux étapes dans le cadre d’un processus durable. En effet, les études ont montré que l’évaluation est un projet beaucoup plus long que le contrôle, la mesure ou encore l’audit. Ce projet poursuivi en Bibliothèque consiste à apprécier par des indicateurs de performance rigoureusement sélectionnés les actions de la Bibliothèque en premier lieu et les effets en second lieur :
- L’appréciation des actions nous informe sur la situation de l’organisation qui s’effectue en comparant les objectifs de la Bibliothèque à ses résultats. Elle permet de réviser, à court et à moyen termes, le déroulement des actions sur les plans de l’efficacité, de l’efficience et de la pertinence. Les résultats de cette appréciation seront utilisés pour étudier l’impact de la Bibliothèque sur sa population-cible.
- L’appréciation des effets de la Bibliothèque est déterminante et indispensable. Elle consiste à étudier d’abord, l’impact direct des actions engagées par la Bibliothèque sur sa population-cible (s’agit-il, d’un impact positif ou négatif, avantageux ou insuffisant, etc. ?). Elle permet ensuite, d’interpréter les changements observés dans le comportement de cette population en s’appuyant sur des informations recueillies dans l’environnement externe de la Bibliothèque (le livre imprimé, est-il toujours considéré à l’école comme indispensable pour le développement de la lecture chez l’enfant ?). Cette interprétation consiste à émettre des postulats divers sur lesquels porteront les décisions que la Bibliothèque entend prendre.
C’est à cause de cette deuxième étape que C. McClure et P. Hernon
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considèrent l’évaluation comme un catalyseur de changement. Pour eux, l’évaluation permet de dresser un bilan de l’état de l’organisation poursuivie par la Bibliothèque à un moment donné. Ce bilan s’appuie sur :
- La définition des objectifs de l’évaluation. : cette première étape conduit à vérifier la cohérence (i.e. hiérarchisation) des objectifs par rapport au problème posé. Il s’agit aussi de déterminer le groupe qui sera chargé de mener l’évaluation jusqu’à son terme. Celui-ci prendra méthodiquement des décisions après s’être documenté et avoir fixé la durée de l’évaluation.
- La collecte des informations internes et externes les plus significatives après avoir répondu aux trois questions suivantes :
-
- Quelles informations utiliser ?
- Comment les collecter et les traiter ?
- et pour quel objectif les utiliser ?
A ce stade du processus, l’évaluateur va émettre des hypothèses pour résoudre le problème constaté. Une fois confirmées sur le terrain, ces hypothèses conduiront à proposer des stratégies basées sur une analyse objectivant des expérimentations effectuées.
- La communication formelle (sous forme de rapport) d’une liste de recommandations du groupe. Après concertation, une ou plusieurs recommandations seront transformées en stratégies d’actions. Celles-ci une fois engagées, seront à leur tour évaluées.
Ces principes telles qu’ils sont décrits par C. McClure et P. Hernon nous rappellent la méthode de l’analyse de la valeur qui s’appuie, comme nous l’avons vu dans le premier chapitre, sur l’information. La description des SI existants à la fin de ce deuxième chapitre qui représentent l’aspect opérationnel du dispositif d’évaluation met en relief encore une fois, l’importance de l’information pour la Bibliothèque. Ces informations souvent gérées par des SII proviennent de sources diverses :
- D’une part, elles sont produites par le personnel de la Bibliothèque lui-même : elles sont issues du contrôle des résultats de ses activités, de l’utilisation de ses services ainsi que du comportement de son public. Ce type d’informations est géré par le système SIGB.
- D’autre part, la Bibliothèque reçoit des informations (au moyen de SIG par exemple) qui décrivent l’évolution sociale, économique et politique de la population à desservir. De même, elle reçoit des informations de son autorité de tutelle (changement de directeur, nouvelles règles administratives, etc.), des concurrents et du réseau auquel la Bibliothèque fait partie.
Notes
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C. McClure et P. Hernon, Evaluation and Library Decision Making, New Jersy : Publishing Corporation Norwood, 1990, 153 p. .