Conclusion du deuxième chapitre

Nous avons vu que l’évaluation se présente plutôt comme un outil d’aide à la décision qu’un instrument de sanction ou de légitimation. Cette aide diffère selon le choix des objets à évaluer (les moyens, les objectifs et les résultats), des critères utilisés (l’efficacité, l’efficience, la pertinence et l’impact) pour le croisement de ces objets et du niveau que l’on souhaite atteindre par ce croisement (macro évaluation ou micro évaluation).

Ce chapitre nous a permis également, de constater la forte relation entre l’évaluation et le management. Nous savons maintenant qu’on ne peut pas prétendre manager une organisation pour améliorer ses performances sans l’évaluer sur les plans internes et externes.

Plusieurs expériences en matière d’évaluation, passées en revue dans ce chapitre, démontrent la nécessaire participation de tous les acteurs de l’organisation au moment de la planification des actions et durant leur suivi. Ces expériences nous mettent en garde contre les effets d’une pratique ponctuelle de l’évaluation ou au-delà du temps ; l’évaluation doit se réaliser collectivement et changer en fonction de l’évolution des organisations dans la société. Ainsi, les facteurs socio-politiques et technico-économiques de l’organisation doivent être pris en compte par l’évaluateur.

Nous avons constaté plus précisément l’évolution de la pratique de l’évaluation en France lorsqu’on a décrit l’effet de la mondialisation de l’économie mondiale, des pressions socio-politiques et du développement technologique sur le management des organisations. Cette conjoncture a permis d’instituer l’évaluation et d’améliorer son dispositif ; mais qu’en est-il réellement des conséquences de cette conjoncture sur l’évaluation des Bibliothèques ?

Par ailleurs, la littérature très riche nous a déjà donné de bonnes pistes sur le dispositif de l’évaluation à mettre en place pour les Bibliothèques. Parmi les baromètres (i.e. outils et produits) de ce dispositif que nous avons étudiés et qui peuvent s’appliquer à la Bibliothèque, nous en relevons deux qui serviront de socle à notre approche : l’indicateur de performance et le SIAD.

Nous savons que le choix des indicateurs de performance est une phase déterminante dans la pratique de l‘évaluation et qu’elle dépend de la définition des objectifs de la Bibliothèque et de son mode de planification. Cette phase conduit à apporter un diagnostic de la situation de la Bibliothèque. Nous savons par ailleurs, que les données sont recueillies par le croisement de deux ou de plusieurs indicateurs de performance et qu’elles sont de plus en plus traitées par des SII.

Dans le contexte actuel d’afflux d’information, on s’est rendu compte que rien ne sert d’acquérir les informations si on n’a pas les moyens de les traiter. D’ailleurs, la description de la famille des SII nous montre les avantages d’évaluer une Bibliothèque moyennant un SIAD.

Nous pensons que le SIAD, peu développé en France, peut permettre aux bibliothécaires de maîtriser les informations susceptibles de les aider à prendre des meilleures décisions. Si ce système est employé pour l’évaluation des Bibliothèques, quels types d’informations devra t’il traiter et quelles conséquences cela peut-il avoir sur la vision que les bibliothécaires ont de l’évaluation ?

Nous allons étudier au préalable, dans le troisième chapitre, les contextes d’évaluation qui ont cours aujourd’hui dans les Bibliothèques françaises. Car, M. Lajeunesse et A. Tabah 519 remarquent que les Bibliothèques ont porté un intérêt manifeste aux managements des organisations publiques et privées. Cet intérêt peut s’expliquer, comme nous l’avons vu dans ce chapitre, par l’existence de problèmes en commun. Nous pensons que la Bibliothèque, à l’instar des entreprises et des administrations sont touchées par les retombées de la mondialisation de l’économie, du progrès technologique et de la montée des pressions socio-politiques (ce fut d’abord le cas des Bibliothèques nord-américaines puis tardivement des Bibliothèques francophones).

C’est dans cette perspective que nous étudierons d’abord, le contexte technico-économique et socio-politique des Bibliothèques en France. Le contexte normatif et institutionnel de l’évaluation des Bibliothèques sera ensuite examiné. Enfin, l’étude de terrain concernant les Bibliothèques publiques d’une part, et les Bibliothèques universitaires d’autre part nous permettra de mieux connaître la réalité de la pratique d’évaluation (les outils, les défis) dans les Bibliothèques françaises. Les résultats de cette étude serviront également à identifier les attentes des bibliothécaires concernant la pratique d’évaluation.

Notes
519.

M. Lajeunesse et A. Tabah, « L’évaluation en bibliothéconomie et en sciences de l’information : approches diverses », in : L’évaluation des archives : des nécessités de la gestion aux exigences du témoignage, 3ème symposium en archivistique, Université de Montréal, 27 mars 1998, pp. 37-45.