Deuxième partie : L’évaluation des Bibliothèques publiques et universitaires : entre l’existant et les attentes

Nous avons pu constater, dans la première partie, que l’évaluation est aujourd’hui ressentie comme une réalité fonctionnelle pour gérer au mieux les organisations. Elle offre au manager des représentations pertinentes sur son organisation, lui donne une idée claire sur son environnement et oriente le changement managérial qu’il entend introduire.

Les Bibliothèques, comme exemples d’organisation, ont connu en une décennie des changements importants dans leurs rôles ainsi que dans leurs modes de gestion en raison de deux types de pressions. D’une part, l’Etat demande à ces organisations de prouver leur impact sur la société. D’autre part, les pressions économiques qui sont de plus en plus ressenties dans le milieu public, poussent les Bibliothèques à repenser leur performance. Ces changements concernent à la fois les Bibliothèques universitaires et les Bibliothèques publiques en France ; ils seront traités dans le troisième chapitre, cas par cas.

Nous allons préciser dans ce même chapitre les cadres institutionnel et normatif qui règlent l’évaluation des Bibliothèques en France, en vue d’appréhender la réalité de la pratique d’évaluation dans ces établissements. Par ailleurs, nous allons dresser un bilan résumant l’actualité de la recherche bibliothéconomique 520 en matière d’évaluation des Bibliothèques. Il s’agira d’étudier les projets de recherche les plus récents ayant développé des outils de mise en œuvre de démarches d’évaluation et pouvant soutenir les bibliothécaires français dans leur action.

Par le biais d’une enquête menée auprès de 264 Bibliothèques françaises, le quatrième chapitre répertoriera les méthodes et les outils qui sont actuellement utilisés dans l’évaluation. Les besoins des bibliothécaires français en SIAD (recensés par l’enquête) permettront de réfléchir sur un dispositif d’évaluation adaptable aux cas des trois types de Bibliothèques et dont la méthode de conception et les fonctionnalités seront présentées dans le cinquième chapitre.

Notes
520.

Nous pouvons définir la bibliothéconomie comme étant une science de l’information dont le champ de recherche est la Bibliothèque, son système d’organisation et ses services d’information. Cette science qui a connu sa grande époque théorique avec S.R. Ranganathan, M. Dewey et E. Morel (entre la fin du XIXe siècle et les années 1930) se réfère à d’autres sciences pour formaliser des scénarios d’analyses et de procédures opératoires permettant leur transfert sur des situations vécues par des Bibliothèques. B. Calenge cite les sciences sociales, l’ingénierie informatique, la sociologie, l’histoire et la psycognition (B. Calenge. « Peut-on définir la bibliothéconomie ? », in : Bulletin des Bibliothèques de France, 1998, t.43, n°2, p.8-20). A travers une démarche scientifique, la bibliothéconomie traite des besoins psychologiques et socioculturels aussi bien des personnels de la Bibliothèque que de ses usagers (réels et/ou potentiels). Sur le plan technique, cette science aborde le dysfonctionnement des outils utilisés dans les établissements (surtout les catalogues en ligne) et proposent de nouvelles technologies (telle que les SI) après leur expérimentation dans des laboratoires de recherche et/ou des Bibliothèques-sites. En outre, la bibliothéconomie propose pour la gestion des Bibliothèques, des méthodes de management de plus en plus innovantes.