La méthode du conspectus a fait l’objet d’un manuel publié en 1997 par Western Library Network (WLN) qui porte sur la mise en place d’un plan de développement des collections des Bibliothèques. Tenant compte des différences linguistiques et culturelles existantes entre ces établissements, le conspectus dans le manuel vise l’évaluation du cycle de vie de toutes les ressources documentaires d’une Bibliothèque au regard de ses objectifs préalablement établis.
Selon le Conseil Supérieur des Bibliothèques 676 , le développement des collections est un exercice à la fois intellectuel et formalisé qui place les processus d’acquisition et de conservation des collections dans une perspective de planification globale pour l’organisation d’une Bibliothèque. La méthode du conspectus, développée et fournie par le Pacific Northwest Collection Development (PNCD), semble répondre aux recommandations du conseil, dans la mesure où elle permet de représenter par domaine et par niveau de profondeur l’état et le développement des collections documentaires. Cette représentation systématique devrait permettre d’apprécier la pertinence de la politique documentaire mise en place par rapport à l’évolution des besoins et des missions d’une Bibliothèque.
Avec le conspectus, les collections documentaires sont organisées en plusieurs segments hiérarchisés 677 dont l’évaluation repose sur trois types d’indicateurs possibles : des indicateurs de profondeur, des indicateurs relatifs à la couverture linguistique et des indicateurs de conservation.
| Valeur | Principaux niveaux | Niveaux précis | |||
| 0 | Hors collection (segment documentaire non développé par la Bibliothèque) | ||||
| 1 | Niveau minimal d’information | a. Couverture non systématique du sujet | b. Couverture systématique du sujet | ||
| 2 | Niveau d’information de base (collèges et lycées) | a. Niveau sommaire | b. Niveau approfondi | ||
| 3 | Niveau d’étude supérieure (terminal, premier et deuxième cycle) | a. Niveau pour débutants | b. Niveau intermédiaire | c. Niveau avancé | |
| 4 | Niveau recherche (pour des formations approfondies et des formations doctorales) | ||||
| 5 | Niveau complet d’information | ||||
| Valeur | Principaux niveaux |
| 0 | Aucun traitement pour une collection dont la détérioration est prévue |
| 1 | Conservation et usure des titres de la collection dépendantes de leur usage |
| 2 | Conditions de conservation conforme à l’état de la collection utilisée |
| 3 687 | Niveau de préservation des contenus |
| 4 688 | Niveau de conservation recherche |
| 5 | Conditions de préservation optimales |
Par ailleurs, l’analyse des collections par la méthode du conspectus repose sur des mesures quantitatives et des mesures qualitatives :
Conçue depuis 1976, la méthode du conspectus a connu des améliorations sur les plans institutionnels et instrumentaux :
En conclusion, la méthode du conspectus est favorable à la gestion partagée des collections entre des Bibliothèques publiques et des Bibliothèques universitaires ; elle incite ces établissements à mettre en place des politiques de développement des collections compatibles à l’évolution des besoins de leurs publics devenant de moins en moins différents.
La méthode du conspectus est désormais utilisée au niveau national pour coordonner les politiques documentaires des Bibliothèques. Tel est notamment le cas aux Etats-Unis, en Australie et à la Nouvelle Zélande. En Europe, cette méthode est largement utilisée par les Bibliothèques publiques aux Pays-Bas. Elle a fait ses débuts en France dans les années 1990 dans les Bibliothèques universitaires 693 , puis fut rapidement abandonnée pour des problèmes techniques 694 selon B. Calenge 695 . Cependant, l’évolution qu’a connu le conspectus depuis l’apparition du manuel en 1997, a suscité de nouveau l’intérêt des Bibliothécaires en France.
Conseil Supérieur des Bibliothèques. Rapport pour les années 1996-1997 , Paris : Association du conseil supérieur des Bibliothèques, 1998.
La segmentation retenue par le conspectus peut se référer à la classification décimale de Dewey, à la classification de la Bibliothèque du Congrès et à celle de la Bibliothèque Nationale de Médecine aux Etats-Unis. Elle comprend environ 24 domaines (« divisions » en anglais) subdivisées à peu près en 500 catégories de matière, puis en 4000 descripteurs. Ainsi, l’agriculture est un exemple de domaine qui peut avoir comme catégorie de matière culture animale et comme descripteur moutons et laine.
Current Collection (CC) en anglais indique « la capacité de la Bibliothèque à offrir une collection représentative de l’offre documentaire en un domaine particulier » (T. Giappiconi, op. cit., 2001, p. 107).
Acquisition Commitment (AC) en anglais est un indicateur « utile à la comparaison avec l’objectif de développement de la collection, à l’établissement des besoins budgétaires, à la publication des résultats et à la comparaison avec la collection en cours » (T. Giappiconi, ibid., p. 107).
Collection Goal (CG) en anglais désigne « les besoins courants et anticipés de la collection établis à partir des missions, du programme d’action de l’établissement et de la population à desservir » (T. Giappiconi, ibid, 2001, p. 108).
M. Bushing, B. Davis et N. Powell, Using the Conspectus Method: a collection Assessment Handbook, WLN, 1997.
La valeur P pour Primary language of the country.
On attribue la valeur X à cet indicateur.
La valeur D pour Dual language.
La valeur S pour Selected other language material.
La valeur W pour Wide selection of language represented.
cité par T Giappiconi, ibid. .
cité par T Giappiconi, ibid..
Les services du conspectus sont toujours présents aux conférences organisées par l’ALA ; ils éditent un bulletin trimestriel intitulé le WLN Participant et modèrent une liste de discussion sur Internet.
D’après la consultation du cédérom de démonstration fournie par D. Biblarz durant la journée d’étude organisée par le groupe POLDOC et tenue le 17 mai 2001 à la Bibliothèque municipale de Lyon.
T. Giappiconi, op. cit., 2001
Des tentatives d’adapter le conspectus furent effectués pour la constitution du Centre d’Acquisition et de Diffusion de l’Information Scientifique et Technique (CADIST).
Les Bibliothèques françaises manquaient d’outils informatisés pour mettre en place la méthode considérée à l’époque compliquée.
Intervention de B. Calenge dans le cadre de la journée Poldoc, tenue le 17 mai 2001.