4.2- La méthode d’enquête

Nous ne connaissons pas de travaux récents ayant établi un bilan général de la pratique d’évaluation dans les Bibliothèques universitaires et les Bibliothèques publiques, à l’exception de l’étude fournie par S. Ward 770 en 1995. Bien sûr, il existe une littérature abondante qui fournit des études comparatives agrémentées de données chiffrées concernant les résultats d’enquêtes statistiques générales auprès des Bibliothèques de même type.

Nous nous référons essentiellement aux publications de la DLL 771 et de la SDBD 772 sans oublier la revue du livre hebdo. Celle-cirapporte de façon régulière les Bibliothèques publiques ayant atteint le meilleur taux de pénétration et le meilleur taux de rotation en France. Elle classe aussi les dépenses de fonctionnement et les budgets des Bibliothèques des communes de plus de 30 000 habitants des plus riches aux plus pauvres 773 . En dehors de ces publications, les enquêtes dressant le bilan des méthodes d’évaluation en usage dans les Bibliothèques françaises ou indiquant les perspectives de ces établissements dans le domaine de la gestion sont rarement accessibles 774 . Entre 1998 et 2000 par exemple, trois enquêtes seulement sont réalisées auprès des Bibliothèques en France :

  • la première réalisée en 1998 pour la section des Bibliothèques publiques de l’IFLA, porte essentiellement sur l’utilisation des normes et des indicateurs de performance par les Bibliothèques départementales de prêt et les Bibliothèques municipales des villes de plus de 20 000 habitants ;
  • la deuxième enquête lancée à la même année par la rédaction de la Gazette en association avec le cabinet Ernst & Young 775 , vise la connaissance des coûts de prestations de service public dans les Bibliothèques municipales des communes de plus de 30 000 habitants ;
  • la dernière enquête réalisée en 2000 par l’Observatoire Permanent de la Lecture Publique à Paris (OPLPP) 776 dresse un bilan de la réalité de l’offre inter institutionnelle de lecture publique à Paris en se basant sur les dernières statistiques publiées par la DLL et la SDBD.

Dans la littérature, on trouve également une description de quelques démarches d’évaluation de nature empirique qui sont conduites dans certaines Bibliothèques. Les auteurs de ces travaux décrivent les méthodes et les techniques développées dans ces établissements en se référant à leurs contextes spécifiques.

Dans d’autres travaux alliant la théorie et la pratique 777 , les auteurs signalent rapidement les problèmes les plus récurrents qui sont rencontrés par les bibliothécaires dans leur pratique d’évaluation. Ainsi, nous savons que les bibliothécaires ont une perception restreinte de l'évaluation 778 et qu’ils trouvent la plupart du temps, des difficultés à exploiter les données statistiques qu'ils collectent, notamment pour l'analyse des coûts et de l’impact 779 . Nous savons par ailleurs, que la définition des missions et des objectifs des Bibliothèques demeure imprécise, ce qui justifie en général les limites de leurs projets d'évaluation 780 . Enfin, nous savons que rares sont les manuels d'évaluation qui satisfont les bibliothécaires pour deux raisons 781 principales : d'une part, l'explication des méthodes pour recueillir les données et la définition des indicateurs de performance sont rares ; d'autre part, les manuels d’évaluation proposent très peu de mesures pour traiter la question de l'impact. Toutefois, notre deuxième chapitre nous apprend que ces problèmes devaient être résolus avec l’apparition des normes ISO (11620 et 2789) et l’avancement de la technologie et de la recherche sur le thème de l’évaluation des Bibliothèques.

Ainsi, en l’absence de bilans représentant la situation actuelle de l’évaluation dans les deux types de Bibliothèques et tenant compte des progrès atteints sur le plan conceptuel (i.e. normatif) et technologique durant ces deux dernières années, nous décidons de mener une enquête « nationale » qui prend en compte les deux dimensions suivantes :

  • L’existant : l’évaluation, telle qu’elle est pratiquée en Bibliothèque. 
  • La demande : l’amélioration de l’évaluation, telle qu’elle est perçue par le bibliothécaire français.

Pour mener cette enquête basée sur la méthode statistique et la méthode analytique, nous procédons par plusieurs étapes : D’abord, nous choisissons l’échantillon représentatif des Bibliothèques en France, puis nous construisons notre grille d’enquête et nous l’envoyons aux enquêtés retenus. Enfin, nous procédons à la saisie des données de l’enquête retournées, à leur dépouillement et à leur analyse.

Notes
770.

S. Ward, op. cit.

771.

Direction du Livre et de la Lecture. Bibliothèques municipales, Bibliothèques départementales de prêt : données 1998, Paris : Ministère de la culture, 308p.

772.

Sous-Direction des Bibliothèques et de la Documentation. Annuaire des Bibliothèques universitaires et des grands établissements 1997 : résultats de l’enquête statistique générale auprès des Bibliothèques universitaires, juillet 1999, Paris : Ministère de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie, 96p.

773.

L. Santantonios, « Bibliothèques : les villes où il fait bon à lire », in : Livres hebdo, 8 juin 2001, n°429, pp. 70-83.

774.

Il se peut qu’il y’ait des Bibliothèques publiques ou universitaires en France qui produisent des documents, mènent des enquêtes locales, ou conduisent des évaluations pour connaître l’évolution de leurs activités et services et qui ne les rendent pas disponibles pour chacun.

775.

V. Sallé, op. cit.

776.

A. Girard-Billon. « Les Bibliothèques à Paris : une nouvelle approche des statistiques », in : Bulletin des Bibliothèques de France, t.45, n°1, 2000, pp. 13-19.

777.

Il s’agit dans la plupart des cas de manuels publiés sous les éditions du cercle de la librairie par des professionnels qui suivent une approche didactique en définissant d’abord, les concepts et les outils pour décrire ensuite, les démarches méthodologiques à suivre. Ces manuels sont souvent destinés à des professionnels qui sont à des titres divers responsables des Bibliothèques.

778.

A. Kupiec, op. cit.

779.

T. Giappiconi, op. cit., 1997.

780.

S. Ward, op. cit., 1995

781.

A. Kupiec, op. cit., p. 59.