4.3.1- Le profil des évaluateurs dans les Bibliothèques françaises

Les résultats nous permettent de constater qu’il n’existe pas dans les Bibliothèques françaises interrogées un profil type d’évaluateur, car nous remarquons une diversité de cadres statutaires et d’attributions. Cependant, nous notons de par les résultats obtenus que l’évaluation est une tâche relativement importante puisqu’elle est majoritairement pratiquée par des personnels qualifiés qui sont affectés à des postes importants dans l’établissement : il ressort de l’enquête que 67% de la population sont des conservateurs et 25% des bibliothécaires. Cette population assume la tâche de l’évaluation dans son établissement. Ce résultat nous paraît concordant avec la loi française portant sur le statut particulier du corps des conservateurs et des bibliothécaires.

Les décrets statutaires (notamment le décret n°92-26 du 9 janvier 1992) offre, nous semble t-il, un champ de légitimité à celui qui pratique l’évaluation, mais fait apparaître le rôle de la hiérarchie sur la distribution des tâches en Bibliothèque. Cette distribution suit une logique verticale où figurent au niveau supérieur les scientifiques et au niveau inférieur les techniciens 799 . Ceux-ci de catégories B et C ont selon T. Giappiconi et P. Carbone 800 des responsabilités tactiques alors que les responsabilités stratégiques sont du ressort des conservateurs et des bibliothécaires. De ce point de vue, nous pouvons dire que la pratique d’évaluation des Bibliothèques en France fait partie des responsabilités stratégiques qui imposent une qualification scientifique.  

Toutefois, il y a lieu de souligner ici, que l’évaluation est aussi pratiquée par des personnels de catégorie B qui représentent 9% de l’échantillon. Il s’agit dans la plupart des cas d’assistants qualifiés de conservation du patrimoine et des Bibliothèques qui sont sous contrat.

Si on se réfère à la loi relative au dispositif statutaire (décret n°91-847 du 2 septembre 1991 801 ), les assistants qualifiés constituent un cadre d’emploi culturel ; ils ont des responsabilités particulières dans le traitement, la mise en valeur, la conservation des collections, la recherche documentaire et la promotion de la lecture publique. Mais ils peuvent être nommés aux emplois de direction de services ou d’établissements et donc concourir à la tâche d’évaluation dans leurs établissements.

Bien que faible, le taux d’assistants responsables de l’évaluation nous permet d’observer l’évolution en cours des répartitions des tâches dans les Bibliothèques françaises. Cette évolution veut rompre avec une organisation mécanique des Bibliothèques basée sur le statut hiérarchique ; elle tend vers une gestion plus participative de toutes les ressources humaines indépendamment de leurs grades.

En ce qui concerne les emplois, l’enquête révèle qu’une écrasante majorité de la population occupe des postes de direction d’établissements 802 (87,9%). Mais nous notons également que 9,8% de l’échantillon sont des responsables de services dans leurs établissements 803 .

Bien que 9% de l’échantillon 804 appartiennent à un cadre statutaire relativement moyen, la prédominance des directeurs d’établissements ou de services assumant la responsabilité de l’évaluation témoigne en règle générale de l’importance accordée à cette activité dans les établissements français.

Nous observons par ailleurs, que la moyenne d’âge de la population interrogée est de 40 ans. Mais l’âge se distribue entre 20 et 65ans. Une large proportion des évaluateurs (41%) se situe dans la tranche d’âge comprise entre 41 et 50ans, suivi de très près de la tranche de 51 à 65 ans, qui représente 40% de l’échantillon. Les évaluateurs de 31 à 40ans représentent 15% et seuls 4% de l’échantillon ont entre 20 et 30 ans.

Le profil des évaluateurs ainsi décrit semble offrir dans l’ensemble des conditions favorables à une pratique réfléchie de l’évaluation des Bibliothèques. Mais, il nous faut voir comment elle est effectivement exercée dans les 141 Bibliothèques ayant participé à notre enquête.

Notes
799.

D. Lahary. « Sous le statut, l’idéologie ? : les textes statutaires et leurs usages », in : Bulletin des Bibliothèques de France, 2000, t.45, n°1, pp.50-55

800.

T. Giappiconi, op. cit., 1997

801.

Journal officiel n°206 du 4 septembre 1991, http://www.legifrance.gouv.fr/html/frame_jo.html (site consulté le 23 avril 2001).

802.

en l’occurrence l’établissement et ses annexes.

803.

Les 2,3% restant n’ont pas précisé leur emploi.

804.

Il s’agit d’assistants qualifiés de conservation qui ont complété notre questionnaire.