4.3.2.2- La finalité de la pratique d’évaluation

Nous avons vu dans la première partie que l’efficacité et l’efficience sont les premiers niveaux de performance que l’on tend à apprécier dans l’organisation d’une Bibliothèque. Ensuite, vient la pertinence puis l’impact. Ce dernier appartient à un niveau de performance plus élevé où on apprécie les résultats obtenus au regard des valeurs édictées. D’après les résultats de l’enquête, la plupart des bibliothécaires interrogés (135 répondants pour la question n°13 et 132 pour la question n°17) attachent une grande importance à l’évaluation des performances de leurs établissements. Cependant, la perception des différents niveaux de performance demeure problématique pour beaucoup de bibliothécaires. L’enquête révèle la primauté de l’efficacité qui se positionne largement avant la recherche de l’impact. Seuls 3 bibliothécaires attachent une grande importance à la recherche de l’impact des services rendus par leurs établissements dans les domaines de la formation, de la lecture et du développement culturel (voir tabl. 11).

Dans la pratique, une personne seulement sur une population de 132 (voir tabl. 12) déclare évaluer en priorité l’impact de ses services auprès de la population à desservir. Nous remarquons par ailleurs, que la question d’impact ne fait pas partie des priorités de plus de trois quart des autres bibliothécaires qui ont classé la recherche de l’impact du 5ème au 9ème rang (tabl.11). Ce résultat est significatif dans la mesure où il nous montre la difficulté pour les bibliothécaires d’apprécier les effets engendrés par leur action sur la population à desservir ; ils préfèrent se référer à des résultats tangibles que de réfléchir sur des valeurs escomptées et/ou imprévues. En revanche, atteindre ce niveau d’évaluation demande non seulement une maîtrise de la gestion interne mais aussi une capacité à discerner ce qui résulte des actions des autres établissements publics (école, université, centre de loisirs, librairie, etc.) sur les plans sociaux, culturels, politiques, etc.

En matière d’efficacité, les bibliothécaires interrogés semblent privilégiés l’appréciation de la qualité des services et de l’usage des ressources documentaires (tabl. 11 et 12) au détriment de l’efficacité du travail du personnel (tabl. 12). Leurs principaux sujets d’intérêts s’articulent autour de l’obtention d’une meilleure satisfaction des usagers actifs et de l’amélioration du niveau culturel et intellectuel des ressources documentaires. Il s’agit également d’améliorer l’usage des installations et de tous les documents mis à la disposition du public aussi bien classiques qu’électroniques (fig.12). Par ailleurs, nous constatons que les bibliothécaires tentent de répondre beaucoup plus aux attentes des usagers acquis qu’à celles des usagers potentiels, car l’obtention d’un meilleur pourcentage d’inscrits au regard de la population à desservir a été classé dans les meilleurs des cas au 3ème rang où nous avons recueilli 11 citations (tabl. 11). Cependant, 17 personnes sur 132 déclarent évaluer en priorité le niveau de fréquentation de leurs Bibliothèques (voir tabl. 12).

Pertinence impact
2ème et 3èmeniveaux
Disponibilité des ressources
Documentaires
Disponibilité du personnel pour l’accueil du public Meilleur effet (sur la formation, la lecture, l’emploi et le développement culturel)
1er rang
nombre de citations
10 2 3
Fréquence en % 7,6 1,5 2,3
2ème rang : nombre de citations 22 25 8
Fréquence en % 16,7 18,9 6,1
3me rang
nombre de citations
29 19 3
Fréquence en % 22 14,4 2,3
4me rang
nombre de citations
38 35 1
Fréquence en % 28,8 26,5 0,8
5me rang
nombre de citations
1 11 19
Fréquence en % 0,8 8,3 14,4
6me rang
nombre de citations
7 11 13
Fréquence en % 5,3 8,3 9,8
7me rang
nombre de citations
7 7 14
Fréquence en % 5,3 5,3 10,6
8me rang
nombre de citations
5 11 16
Fréquence en % 3,8 6,5 12,1
9me rang
nombre de citations
2 0 22
Fréquence en % 1,5 0 16,7
Le nombre de citations est supérieur au nombre d'observations du fait de réponses multiples (9 au maximum)

Quant à la recherche du meilleur rapport coût/efficacité, elle recueille 76 citations du 5ème au 7ème rang contre 33 dans les quatre premiers rangs. Ceci nous amène à déduire que la quête de l’efficience est moins importante que celle qui concerne l’efficacité pour le bibliothécaire français. L’écart des pourcentages obtenus le démontre. Toutefois, nous remarquons que les bibliothécaires interrogés accordent énormément d’importance au contrôle de gestion puisque la maîtrise des dépenses a été citée 21 fois (voir tabl.12). Ce résultat peut signifier que la pratique du contrôle de gestion est en train de se généraliser.

Bien que les avis soient partagés sur sa position dans le classement, la pertinence occupe une place non négligeable dans le sondage parce qu’elle est classée dans les quatre premiers rangs. Ce résultat nous permet de constater que l’évaluation de la disponibilité des ressources (documentaires, matérielles et humaines) est désormais essentielle pour programmer les actions à venir.

Tabl. 12 : Les aspects de gestion évalués en priorité par les bibliothécaires
1er rang
Nombre de citations
Fréquence en %
Efficacité du travail du personnel 7 5,3
Qualité d’information et d’écoute 19 14,3
Maîtrise des dépenses 21 15,9
Usage sur place des ressources électroniques 18 13,6
Usage des services et des ressources documentaires 17 11,3
Evaluation qualitative des ressources documentaires 17 11,3
Niveau de fréquentation 17 11,3
Impact des services auprès de la population à desservir 1 0,75
Non réponses 9 6,8
Nombre d’observations : 141