A De l’étude du cycle de vie humaine à celle de la carrière des enseignants.

1- Premières études concernant leur biographie.

A la suite du développement récent du domaine du “cycle de vie humaine” en tant qu’objet scientifique, des études traitant en particulier de la biographie personnelle des enseignants ont été publiées.

Plus généralement, l’analyse du cycle de la vie humaine au niveau philosophique et romancier a toujours fortement intéressé. Mais, en tant qu’objet d’étude scientifique, son histoire est plus récente.

En premier lieu, à plusieurs niveaux nous pouvons relever différentes filières :

• dans la littérature psycho-dynamique, avec Freud, mais surtout avec Erickson (1950), qui a mis en évidence “les 8 crises de la vie” ^E et qui, se situant dans un cadre psychanalytique, trace le développement de la personnalité à travers huit crises, depuis le stade oral et sensoriel jusqu’à la maturité, correspondant selon lui à la vieillesse.
• Une seconde filière, de nature plus sociologique, a connu un essor remarquable dans les écrits de l'“école de Chicago”. Ils interprêtaient les données biographiques, offrant une place privilégiée à l’histoire orale. Ainsi, Becker (1970) a essayé d’analyser les déterminants de la “carrière” professionnelle sur des enseignants de Chicago ^H .
• Mais aussi, à partir de 1970, notons un courant “life-span developmental psychology”, qui a progressivement intégré des conceptualisations et des données empiriques émanant de plusieurs disciplines : de la biologie, de l’histoire, de la sociologie, de la physiologie et surtout de la psychologie. Retenons en particulier, à titre d’exemple plus récent, les travaux de Baltes et Brim ^P (1982).

De ces différentes recherches se dégagent deux dimensions :

La première concerne l’évolution des conduites et des attitudes des enseignants au cours de leur carrière. On distinguera particulièrement leurs rapports avec autrui et l’évolution de ceux-ci au cours de la vie.

Plusieurs conclusions peuvent être dégagées :

• Les enseignants ont tendance, avec l’âge, à réduire le nombre et la fréquence des contacts sociaux. Ils ne garderont que quelques relations privilégiées.
• Entre 35 et 45 ans, ils auront la volonté accrue d’aider autrui dans leurs difficultés.
• Entre 45 et 55 ans, ils auront tendance à s’investir davantage dans des activités non professionnelles.
• Avec l’âge, ils auront la préoccupation croissante d’accomplir les différentes tâches qu’ils se sont fixées.

La seconde dimension fait apparaître deux préoccupations : le passage de la vie “active” à la vie “contemplative” et à la réorientation des valeurs.

Le début de la vie adulte, après l’achèvement de la formation et éventuellement la création d’un foyer, s’accompagne des sentiments d’autonomie, de compétence, de stabilité. Cette période d’expansion est suivie d’une période de contradictions.

A mesure que l’âge s'élève, l’individu est plus préoccupé de ses émotions, connaît plus souvent l’anxiété. Il s’abstrait davantage de son milieu social.

Avec la vieillesse, il se replie et son désengagement professionnel devient plus important. Sa préoccupation principale sera de vivre le mieux possible en se protégeant au maximum des risques physiques, sans omettre de conserver ses prérogatives (droits, possessions...) .

Selon Jung, une “transvaluation radicale” intervient vers le milieu de la vie. Cela se traduit par une réorientation des énergies, et des valeurs nouvelles apparaîssent en symboles sociaux, religieux, civiques et philosophiques. L’adulte de 45-55 ans a normalement obtenu la réussite économique et il peut ainsi se tourner vers les affaires de la communauté. Mais aussi, ayant apporté sa contribution aux institutions politiques et sociales, il a tout intérêt à les protéger de l’emprise de la jeune génération.