2- La recherche de Peterson W .

Ces différentes sources ont permis l’émergence d’un intérêt porté à l’étude biographique de l’enseignant en particulier. A l’exception de l’importante recherche de Peterson en 1964, il n’y avait à l’époque, pratiquement, pas d’études de sa carrière. Et, lorsqu’elles existaient, elles portaient uniquement sur la période de formation initiale et sur l’entrée dans son activité. Mais la sienne couvre celle-ci, en prenant comme population de base les enseignants du secondaire.

Différents moments ont été remarqués :

  • L’entrée dans la carrière. Généralement, l’enseignant du secondaire a l’âge correspondant à celui d’un frère (ou soeur) ainé(e) de ses élèves.
    Le jeune enseignant (considéré comme celui qui a entre 6 et 10 ans de fonction) connaît, avec ses premières années, le “meilleur moment”. Il est “le maître confident”. C’est une période de motivations fortes, d’envie, d’expérimentation, où “l’émoi et l’énergie correspondent aux mêmes caractéristiques de ses élèves”.
  • Par la suite, à mi-carrière, il atteint l’âge des parents de ses élèves : “le maître parent”. Il apparaît alors une distance croissante entre les élèves et lui. Le contact plutôt privilégié et facile des premières années fait place à des rapports plus formels. Les élèves le perçoivent comme leur propre parent et hésitent à se livrer de façon aussi spontanée .
    De même, l’enseignant sera beaucoup plus réservé dans la relation avec ses élèves, s’identifiant au rôle parental. “...Sûrement, ils pensent que je suis beaucoup, plus âgé qu’eux. Je n’ai jamais eu ce sentiment avant, mais je l’ai maintenant...Cela m’a génée : je pensais que j’allais perdre les relations amicales, voire intimes que j’avais eues auparavant avec mes élèves.” W .
    La routine se manifeste à la même époque dans le travail, qui devient plus mécanique. Cela peut être un véritable souci pour le maître, qui éprouve moins “d’enthousiasme pour l’enseignement” et une “diminution d’énergie”. Cependant, il s’investit davantage dans “des activités professionnelles” (syndicalisme, groupe de travail) et moins dans des activités pédagogiques au sein de la classe. “Je me dis parfois que lorsque nous devenons plus âgés, nous nous investissons moins et nous faisons notre travail de manière plus mécanique. Cela change toute notre perspective...” I
    Les enseignants, en cette période, ont cependant tendance à se décrire plus détendus, plus à l’aise, plus autonomes face à leur enseignement et à l’administration scolaire. Ceci est principalement dû à la sécurité de l’emploi mais aussi, davantage, à des “résonances psychologiques”. Ils arrivent à s’assumer tels qu’ils sont réellement et même à anticiper les problèmes.“Je suis aussi serein maintenant que je suis capable de l’être... I
  • - En fin de carrière leur attitude change et devient plus sévère, voire “défensive”, aussi bien à l’égard de leurs élèves que de leurs collègues, parfois à l’égard d’eux-mêmes.
    Peterson relève un noyau d’enseignants qui se caractérise par des qualités de chaleur, d’enthousiasme et de sérénité : “les conseillers”. C’est auprès d’eux que les élèves continuent de se confier...même après bien des années.

Notes
W.

. Peterson, Age, teacher’s role and the institutional setting. In B. Biddle & W. Elena (eds.), Contemporay Research on teacher Effectiveness., New York, Holt, Rinehart, 1964.

A.D.C. Peterson, Techniques of teaching, secondary education., Oxford - London - Edinburg , Pergamon Press , 1965.

W.

. Peterson, Age, teacher’s role and the institutional setting. In B. Biddle & W. Elena (eds.), Contemporay Research on teacher Effectiveness., New York, Holt, Rinehart, 1964, p.273.

I.

d., p. 274.

I.

d., p. 273.