1- La notion de personne se trouve à la base de notre réflexion.

La personne renvoie à “persona”, le substantif latin qui signifiait le “masque” de théâtre indiquant le rôle de l’acteur. Jung apporte une autre dimension, plus approfondie de la notion : pour lui, “persona” est une sorte de masque que l’individu revêt, cela afin de produire un effet déterminé et pour cacher sa vraie nature.

Ada Abraham va se référer à la définition originelle et à celle de Jung pour désigner l’état existentiel de l’enseignant. Très influencée par l’école rogérienne, elle déduit que l’image de Soi que les enseignants se faisaient d’eux-mêmes avait une corrélation très forte avec leur image du Soi idéal.

Mais la notion en elle-même ne peut pas expliquer cette tendance acharnée qui défie les différences culturelles, ce besoin de se présenter d’une manière si idéalisée, de paraître “tel qu’il faut” et non “tel qu’on est”.

Les données des recherches d’Ada Abraham présentent des images de Soi empreintes de perfection, d’une idéalisation sans reproche, tout à fait à l’opposé de ce que l’on peut constater aujourd’hui : un certain malaise, l’abandon de la carrière.

Cette “persona” enseignante a un rôle dynamique, mais comment l’expliquer ? Ada Abraham a essayé de mieux le comprendre à partir d’une réflexion basée sur l’analyse d’entretiens avec des groupes d’enseignants menés d’après la méthode des “Groupes en auto-apprentissage”. Dans un premier temps, en essayant de paraître au mieux, ils accusent les élèves, le système scolaire, les parents comme seuls responsables des problèmes qu’ils rencontrent. Mais, une fois certains du regard neutre des autres membres du groupe, ils se sont montrés réellement authentiques laisant se manifester leur vrai Soi dans leur comportement avec des signes d’anxiété profonde, celle d’être critiqué ou agressé.

Ada Abraham, pour interpréter ces mécanismes, va devoir recourir à une notion plus riche, plus compliquée que la notion de la personne.