4- Le contexte scolaire, lieu de contradiction.

L’enseignant, dans le contexte scolaire, est pris dans un réseau de contradictions spécifiques à sa profession et alimenté par les mouvements antinomiques inhérents à la société d’aujourd’hui. Cela aura une influence certaine sur son épanouissement et son devenir.

A quels niveaux se placent ces contradictions ?

• Le premier d’entre eux avec le couple “transmission-création”.
  L’enseignant n’a pas le rôle d’un créateur, comme un scientifique ou un littéraire. Il doit transmettre à ses élèves les créations d’autrui. Cependant, il y a nécessité d’un acte de création dans deux domaines différents : celui de la matière à enseigner et celui de la relation avec l’élève et la classe. Or, le contexte le rend incapable de ce sentiment de création mais au contraire renforce plutôt l’épuisant mouvement de répétition.
• Le second est difficilement vécu par l’enseignant : “idéalisation-dévalorisation”.
  En effet, il est, d’un côté, toujours un modèle d’identification, mais souffre en même temps d’un manque de considération sociale.
  Les maîtres d’aujourd’hui ne bénéficient plus d’un quelconque prestige. Cela a pour conséquence directe que, parmi les jeunes, peu sont réellement animés de ce que l’on peut appeler la vocation. Ils sont, pour certains, devenus enseignants par opportunité. Ici, l’unité du Soi peut être atteinte.
• Les pressions opposées de “renouvellement-conservation” constituent le troisième niveau de contradiction. D’un côté, le maître est sollicité pour innover, afin de faire face à l’instabilité propre à notre société, au changement et à l’adaptation aux nouvelles méthodes. D’un autre côté, il est soumis au mouvement conservateur des anciennes habitudes, à la pression du passé, souvent influencée par les parents.
• Enfin la quatrième contradiction est peut-être, parmi les quatre citées, la plus permanente. L’enseignant est un adulte seul devant une classe d’enfants. Avec eux, il revit chaque jour ses propres conflits enfantins.

Il est assailli par ces tendances opposées qui nuisent à ses identifications les plus profondes : l’enfant et le parent, qui sont tous les deux en lui en tant qu’objets internes.

Comment rester neutre et adulte devant ces pressions contradictoires ? Comment ne pas basculer vers un pôle (parent et enfant) plutôt que vers un autre ?

Notons également le phénomène de la féminisation.

Le métier d’enseignant du premier degré est-il un métier de femme ? Le silence qui entoure parfois la féminisation de l’enseignement couvre l’un des conflits les plus fondamentaux de l’être enseignant d’aujourd’hui.