B La méthodologie.

1- La méthodologie de ce travail a deux grands objectifs.

Le premier est d’étudier le désir initial et les motivations de l’enseignant, afin d’en poursuivre l’analyse plus avant dans la carrière et ainsi de voir ce que deviennent celles de départ : c’est notre deuxième objectif. En effet, le rapport entre les motivations initiales et la conduite de la carrière a été peu étudié. Par les résultats obtenus, il sera possible de cerner l’évolution des motivations.

Pourquoi veut-on ou non continuer à enseigner ? Si l’on avait à rechoisir, opterait-on de nouveau pour l’enseignement ?

Nous avons utilisé la communication avec les enseignants du premier degré comme moyen d’investigation. La règle de départ à respecter est de dialoguer sans cesse, très librement, avec eux. Les échanges doivent être sans blocage et efficaces.

‘“L’enquête, en tant qu’instrument de connaissance du social relève de la démarche quantitative qui apparaît comme l’une des caractéristiques privilégiées de la sociologie. Elle contribue à l’élaboration de l’objet de recherche, à sa description rigoureuse et objective, au dégagement de schèmes explicatifs qui en rendent compte” C . ’

Réaliser une enquête, c’est interroger un certain nombre de personnes en vue d’une généralisation : ce ne sont pas elles dans ce qu’elles ont de singulier qui nous intéresse, mais la possibilité de tirer de ce qu’elles disent des conclusions plus larges. Cela se distingue à la fois de l’observation, où l’intervention du chercheur essaie d’être minimale, et de l’expérimentation, où au contraire il crée et contrôle la situation dont il a besoin. Elle prend des individus comme unité d’observation et donc d’analyse.

Les modèles d'interrogation varient selon la plus ou moins grande directivité des techniques employées. Il est d’usage de réserver les termes d’“entretien” ou “d’interview” (en général synonymes) aux techniques les moins directives et d’appeler “questionnaire” les formes d’interrogation où les questions sont formulées à l’avance.

Nous souhaitions un traitement informatisé par croisement de données des réponses. Ainsi, l’organisation d’un questionnaire fermé semblait la plus pertinente. Certains travaux se rapprochant par quelques points de notre recherche se sont appuyés sur des enquêtes par questionnaires. C’est le cas d’une étude de Françoise Clerc sur les représentations du métier et de la formation 4 . Par ailleurs, d’autres travaux pour relever l’opinion de personnels enseignant sur leur métier ont fait appel à des techniques d’enquêtes : c’est le cas, en particulier, d’un rapport réalisé en 1991 à la demande de la Direction de l’information et de la communication du Ministère de l’Education Nationale E et d’un dossier en 1992 sur les débuts dans le métier réalisé par la Direction de l’Evaluation et de la Prospective du Ministère de l’Education Nationale E .

Cette démarche par enquête semble bien correspondre à nos attentes, basées sur le principe de l’échange le plus directe possible avec les maitres. Les répondants auraient à choisir sur une liste de réponses proposées.

Les problèmes soulevés par la confection de ce questionnaire ont été aussi nombreux que complexes. Il convenait d’en dresser le projet ou, plutôt, les projets successifs :

  • Les motivations.
  • L’exercice du métier.
  • L’avenir du désir initial.

Le dépouillement d’articles de la presse écrite ou de revues pédagogiques a permis une première épure, qui rassemble en désordre et en langage de tous les jours toutes les questions que nous souhaitions poser et qui correspondaient aux objectifs définis par les hypothèses de travail retenues. Mais ce travail n’était pas suffisant et, comme nous l’avons dit, il était pertinent de nous servir de notre situation d’enseignant pour être au plus près des sentiments des maîtres du premier degré. C’est pourquoi la solution d’un premier questionnaire ouvert a été choisie. La formulation et l’ordre des questions y sont fixés. Le sujet répond oralement et aussi longuement qu’il le désire. Il peut y être incité par des relances de l’enquêteur. Les réponses n'étant pas prévues, il est libre de s’exprimer comme il le veut. L’entretien ainsi dirigé sert à recueillir des informations standardisées. Toutes les personnes interrogées répondent à des questions identiques, reçoivent les mêmes explications. Les entretiens se déroulent dans des conditions aussi semblables que possible.

Les avantages : si on a formulé les questions convenablement, on pourra obtenir de bonnes informations, qui peuvent même donner des renseignements sur des problèmes délicats, en relevant une grande partie des remarques ou des réponses possibles.

Les inconvénients : la formulation des questions est très complexe. Elles doivent être aisément comprises et ne comporter aucune ambiguïté ou contresens. Il faut prévoir, au moment des entretiens, une prise de note bien organisée, car le dépouillement et l’analyse des réponses peuvent être difficiles.

Notes
C.

l. Javeau, L'enquête par questionnaire., Bruxelles, Édition de l'Organisation, 1990-1992.

4.

F. Clerc, Les représentations du métier et de la formation (étudiants P.C.L 1 et P.C.L.2, 1992-1993, I.U.F.M. de Lorraine, Nancy.

E.

nquête réalisée par la SOFRES du 5 mars au 9 avril 1991, dans le cadre du panel enseignant, échantillon national de 809 personnes représentatif de l’ensemble des personnels enseignants du Ministère de l’Education Nationale..

E.

nquête réalisée par la Société TMO OUEST auprès d’un panel de 804 nouveaux enseignants titulaires recrutés pour le second degré public. Cette enquête a été publiée dans un dossier Education et formation n°20 Profession : enseignants, les débuts d’un métier, en décembre 1992.