4- La deuxième étape : Le questionnaire fermé.

Les instituteurs et professeurs d’école constituent un groupe professionnel d’environ 302 680 enseignants V 9 , exerçant leurs fonctions dans les 55 000 écoles primaires. Il s’agit d’un corps particulièrement homogène, qui, jusqu’à une période récente, ne comportait pas de différenciation de grade ou de fonction. En 1989, un nouveau corps a donc été créé, celui des professeurs des écoles, qui aligne la carrière des personnels qui y accèdent, soit par promotion, soit à travers leur formation en I.U.F.M., sur celle des professeurs certifiés des lycées et collèges.

Les instituteurs qui ont répondu à cette enquête ont, pour les plus anciens, commencé leur carrière à la fin des années cinquante ou au début des années soixante. Très peu ont connu le régime de la scolarité limitée à 14 ans C 0 . Ils n’ont donc pas été vraiment marqués par l’époque où l’école élémentaire constituait le seul horizon scolaire d’une grande majorité d’enfants. Les classes maternelles et primaires ne sont plus que le premier degré d’un cursus qui connaît un allongement progressif et régulier et qui conduit la quasi totalité d’une classe d’âge bien au-delà de la fin de l’école primaire.

Les instituteurs ont intériorisé le fait qu’ils ne sont que le premier maillon d’un édifice de formation dont le couronnement se situe dorénavant très loin d’eux, dans l’accès à l’enseignement supérieur. Leur rôle a perdu de la superbe des “hussards de la République”, chère à la société républicaine du début du siècle. Les enjeux pédagogiques d’aujourd’hui sont devenus plus complexes, et moins propices aux certitudes qui accompagnaient la transmission des valeurs civiques dans la première moitié du siècle.

En l’absence de différenciation par le jeu des disciplines (le maître du premier degré est polyvalent) et de hiérarchisation par la multiplication des statuts J 1 , comme c’est le cas pour les professeurs du second degré, ce sont les générations successives qui seules dessinent le changement des conditions d’exercice du métier d’instituteur.

Les différences de générations, engagent, nous le verrons, des différences de recrutement très sensibles, tant au point de vue de l’origine sociale que du cursus d’accès à la profession. La conception des finalités de l’enseignement a suffisamment évolué pour que les opinions de la génération qui a plus de 20 ans d’ancienneté tranchent sensiblement sur celles des plus jeunes. Le phénomène générationnel constitue le premier critère d’interprétation utilisé dans cette recherche pour rendre compte de l’hétérogénéité des attitudes à l’égard du métier.

Nous pouvons distinguer quatre générations principales :

Le facteur générationnel a une forte incidence sur les études initiales des postulants à l’entrée dans la fonction.

Au cours de ces trente dernières années, le niveau du concours de recrutement, permettant d’accéder à la fonction, et notamment à la préparation au sein des écoles normales, a été relevé de la troisième à la licence, et le niveau de sortie de bac + 1 à bac + 4 . Ce processus d’élévation du niveau des pré-requis s’est réalisé en trois étapes et contribue à renforcer les seuils entre les générations successives d’instituteurs. Le nombre d’années d’études supérieures avant l’entrée dans le métier est un indicateur de l’incidence de l’élévation du niveau sur la transformation de l’image associée à la profession.

Les conditions d’exercice de l’enseignement dans les écoles du premier degré se fondent sur les mêmes bases institutionnelles. La conduite de la classe, le rapport avec les élèves sont marqués avant tout par la polyvalence disciplinaire que doit assurer l’instituteur N 2 . Nous remarquons néanmoins que les deux niveaux qui perdurent dessinent des univers, toujours, en partie différenciés. L’école maternelle est perçue comme un univers nettement dissocié de l’école élémentaire, le passage de l’un à l’autre étant encore, pour les jeunes enfants et leur famille, une étape qui compte.

Cette organisation de l’école élémentaire donne au cours préparatoire un statut de classe importante, dans laquelle doivent être construites des acquisitions essentielles. Il en va de même pour les deux années du cours moyen : leur statut d’années de préparation au franchissement de l’étape majeure que représente l’entrée en sixième leur confère un statut également privilégié.

Notes
V.

oir Annexe 1 en Annexes, Tome 3 “Repères et références statistiques sur les enseignements, le formation et la recherche” , Direction de la Programmation et du Développement, Ministère de l’Education Nationale, Ministère de la Recherche, Edition 2000.

C.

’est en 1959 que la scolarité obligatoire a été prolongée jusqu’à 16 ans. Ordonnance dite “Réforme Berthouin” du 6 Janvier 1959 portant prolongation à seize ans de la scolarité obligatoire.

J.

usqu’à la création du corps des professeurs d’école, les enseignants du premier degré n’avaient qu’un seul statut, il est prévu que dans un avenir proche tous les instituteurs soient intégrés dans le corps des professeurs d’école. Il n’y aura, ainsi, de nouveau, qu’un seul statut.

N.

otons cependant que l’esprit de la “Charte du XXI° siècle” telle qu’elle était proposée à son origine, en 1999, atténuait cette compétence particulière qu’est la polyvalence du maître dans sa classe, lui conférent plûtot le statut de “chef d’orchestre” qui dirigerait tous les enseignements et en particulier ceux animés par les intervenants extérieurs, les aides éducateurs...