2- La féminisation du métier

Après 1945, le recrutement traditionnel des instituteurs se modifie. Leur origine sociale change. Ce ne sont plus les enfants du peuple qui reviennent diffuser leur savoir devant les générations montantes .

Mais, surtout, un événement considérable va bouleverser le paysage familier des maîtres d’école : ils sont de moins en moins nombreux ; les institutrices font massivement leur apparition. Trois maîtres sur quatre sont des femmes. Ce nombre grimpe allègrement jusqu’à plus de quatre-vingt-quinze pour cent à l’école maternelle, où cependant le nombre d’hommes continue régulièrement de croître (en valeur absolue et relative). Cette progression ne tient pas seulement à l’expansion du nombre de vocations masculines mais les nouveaux venus ont, pour certains, été contraints d’accepter le poste que l’adminitration leur offrait.

Les femmes représentent 75 % des enseignants du premier degré, 86,5 % chez les professeurs stagiaires de seconde année d’I.U.F.M.. Le taux de féminisation suit une progression inverse de l’âge moyen et de la position hiérarchique : le pourcentage de femmes n’est que de 63 % parmi les directeurs d’établissement du premier degré D .

Si féminisation il y a, la profession n’en est pas pour autant constituée de femmes de cadres qui viendraient trouver dans l’Education Nationale un traitement d’appoint. C’est un phénomène qui est rare et, lorsqu’il existe, le plus souvent urbain.

Si les trois quarts des enseignants du premier degré sont des femmes, le rapport homme / femme proche de 0% en petite section du cycle premier, croît progressivement à mesure que le niveau des classes s’élève : il atteint près de 50 % en cours moyen.

La féminisation a progressé par palier depuis cinquante ans, en partie par l’accès à la profession de femmes recrutées par le biais des suppléances. Cette pratique a connu une très forte expansion dans les années soixante, période qui correspond à l’explosion scolaire. Leur taux parmi les entrants est extrêmement élevé ces dernières années : 93 % des enseignants ayant entre une et trois années d’activité sont des femmes. Parmi ceux qui sont actuellement en fonction, on voit nettement se dessiner la progression de la féminisation : 87 % de femmes parmi ceux qui ont moins de 10 ans d’ancienneté, 75 % dans la tranche 11 à 25 ans, moins de 70 % pour ceux qui ont plus de 30 ans d’activité. Ces données ne livrent que la photographie de la situation correspondant à ceux qui enseignent actuellement en maternelle et en élémentaire. Elles n’indiquent pas les départs vers l’enseignement secondaire, ou vers d’autres fonctions qui, au moins relativement, concernent peut-être un plus grand effectif d’hommes que de femmes.

En ce qui concerne notre échantillon

Tableau 6 : L’âge en fonction du sexe. (Graphique 5, Annexes, tome 2)
sexe
âge
- 26 ans 26 / 35 ans 35 / 45 ans + 45 ans
masculin 2 % 30 % 41,5 % 26,5 %
féminin 5,5 % 24,5 % 36,5 % 33,5 %

Plus de 68 % des hommes et plus de 58 % des femmes ont plus de 35 ans.

Parmi les jeunes enseignants de moins de 26 ans, 11 % sont des hommes et 89 % des femmes. Le métier se féminise donc de plus en plus.

Tableau 7 : L’affectation en fonction du sexe. (Graphique 6, Annexes, tome 2)
sexe
affectation
direction/M. formateur classe à titre définitif classe à titre provis. services. fractionnés remplacements
masculin 37,5 % 40 % 7,5 % 5,5 % 9,5 %
féminin. 15,5 % 63,5 % 9 % 6,5 % 5,5 %

Les postes de direction ou de maîtres-formateurs sont pourvus à 53,5 % par des femmes et à 46,5 % par des hommes. 37,5 % de ceux-ci occupent un poste d’enseignant avec des responsabilités administratives ou de formation, contre 15,5 % des femmes. Cela révèle que les hommes, bien que moins nombreux, occupent une part importante de ce type de postes.

Tableau 8 : L’ancienneté générale de service en fonction du sexe. (Graphique 7, Annexes, tome 2)
sexe
ancienneté générale
0/3 ans 4/6 ans 7/14 ans 15/25 ans 26/35 ans 36/40 ans
masculin 11,5 % 9,5 % 22,5 % 30 % 22,5 % 4 %
féminin. 11,5 % 14,5 % 16,5 % 25 % 28,5 % 4 %

Dans les années soixante, de nombreuses institutrices (en proportion plus importante que les hommes) ont été recrutées. Ce sont généralement des maîtres qui ont eu le statut de remplaçant pendant plusieurs années et ont été titularisés sans formation initiale. Par ailleurs, la proportion des hommes a baissé à partir des promotions recrutées dès 1992.

Tableau 9 : Le niveau d’enseignement en fonction du sexe. (Graphique 8, Annexes, tome 2)
sexe
niveau
maternelle élémentaire mater. & élément.
masculin 24,5 % 60,5 % 15 %
féminin 34,5 % 58 % 7,5 %

Ces résultats confirment que, parmi les hommes, en proportion peu d’entre eux travaillent à l’école maternelle.

Notes
D.

irection de la Programmation et du Développement, Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, enseignement public au 1° Janvier 1997.

Voir également Annexe 1 et Annexe 2, Annexes, tome 3.