5- La formation des maîtres.

Le corps des enseignants du premier degré en activité se répartit, au regard de la formation initiale, en deux groupes remarquables d’égale importance : ceux qui y sont entrés à la suite du baccalauréat, et ceux qui ont effectué au moins 2 ans d’études supérieures (graphique 23).

Il existe en fait une relation directe entre le nombre d’années d’études initiales et le type de formation professionnelle reçu pour accéder à l’exercice du métier.

Parmi ceux qui ont arrêté leur cursus scolaire à la fin de la terminale après avoir obtenu leur baccalauréat, 40 % seulement ont bénéficié d’une formation à l’Ecole Normale. Il s’agit ici de personnes recrutées avant les années quatre-vingts. C’est à partir de cette période que le niveau D.E.U.G. a été exigé pour passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale. Jusqu’à la fin des années soixante-dix, il était possible aux titulaires du baccalauréat de solliciter des postes de titulaires-remplaçants. Ils avaient, dans un premier temps, le statut de suppléants éventuels, puis de remplaçants. Ils effectuaient des remplacements et avaient pour seule formation “une réunion pédagogique” un mercredi matin par mois, animée par un conseiller pédagogique de circonscription. Cette condition pouvait durer 5 années avant d’être titularisés. Ils devaient réussir aux épreuves du C.A.P., qu’ils passaient généralement à partir de leur deuxième année de remplacement. Les enseignants recrutés dès 1981, 1982, ont, presque tous, bénéficié d’une formation initiale.

Pour ceux, qui au contraire, avaient engagé des études supérieures auparavant, la quasi totalité (85 %) est passée par une école normale ou un I.U.F.M.. On pourrait donc comprendre que moins de 15 % des titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur auraient commencé leur fonction par le satut de remplaçant.

Ces deux situations reflètent en fait des contextes générationnels bien tranchés.

Les parcours d’études en fontion du sexe (graphique 24)relève que 84 % des hommes ont eu une formation initiale, contre seulement 72 % pour les femmes.

Les parcours d’études en fonction de l’âge (graphique 25) montre bien que l’absence d’études supérieures est le fait des plus âgés. Notre étude rappelle l’existence de la possibilité offerte jusqu’à la fin des années soixante aux lycéens de passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale dès la classe de troisième. Il est à noter également que peu d’enseignants du premier degré viennent du second degré.

C’est aussi parmi les plus jeunes ou les plus diplômés que l’on rencontre une fraction significative des sujets ayant exercé une autre profession avant d’entrer dans l’enseignement.

Par ailleurs, à peu près 100 % des moins de 26 ans ont eu une formation initiale, 92 % des maîtres entre 26 et 35 ans, 94 % des maîtres entre 36 et 45 ans et 35 % des maîtres de plus de 45 ans. La formation initiale a été une revendication syndicale très forte pendant les années soixante-dix. A partir des années quatre-vingts, tous devaient en avoir reçu une.

Tableau 15 : L’expérience avant l’enseignement en fonction de l’ancienneté générale d’enseignement. (Graphique 26, Annexes, tome 2)
ancienneté générale de service
expérience avant l’enseignement
activités professionnelles études uniquement responsabilités d’enfants
0/3 ans 43,5 % 47 % 4,5 %
4/6 ans 51 % 33 % 11 %
7/14 ans 40 % 45 % 8 %
15/25 ans 7,5 % 81 % 10 %
26/35 ans 16 % 70 % 12,5 %
plus de 36 ans 25 % 50 % 0 %

L’étude montre bien que, pour les plus anciens dans le métier (entre 15 et 25 ans d’enseignement, 26 et 35 ans et plus de 35 ans) peu ont eu une expérience professionnelle à temps plein avant d’enseigner. A contrario, les maîtres entrés plus récemment ont en plus grande part exercé une autre activité ( près de 50 % d’entre eux ).

Tableau 16 : Le niveau de diplôme possédé avant l’entrée dans l’enseignement en fonction de l’âge. (Graphique 27, Annexes, tome 2)
diplôme avant l’entrée
âge
moins de 26 ans 26/35 ans 36/45 ans plus de 46 ans
bac   11 % 54,5 % 72,5 %
D. 1°cycle 11 % 28,5 % 17 % 15,5 %
D. 2°, 3°cycle 87 % 53 % 23 % 12 %
autre D. 2 % 13 % 13 %  

Depuis vingt ans, le niveau de diplômes requis pour se présenter au concours d’entrée à l’Ecole Normale puis à l’I.U.F.M. s’est élevé. Jusqu’à la fin des années soixante-dix, le baccalauréat y suffisait. Puis le recrutement s’est situé au niveau D.E.U.G. pour être aujourd’hui à celui de la licence. C’est ainsi que les plus jeunes ont tous, au minimum, un niveau de premier cycle universitaire, à l’exception d’un très faible nombre (3 %) entre 26 et 35 ans recruté au niveau bac sur liste complémentaire comme suppléants éventuels pour pallier des manques d’effectifs. Ceux-ci n’ont pas eu de réelle formation et ont été titularisés après quelques années de service. Leur formation initiale s’est échelonnée sur plusieurs années, par des stages de 4 à 8 semaines par an à l’I.U.F.M. .

De même, nous remarquons encore l’existence d’enseignants de niveau D.E.U.G chez les plus jeunes : cela s’explique par le fait que des recrutements d’instituteurs (ayant au moins un diplôme “bac+2” ) se sont poursuivis pendant quelques années dans de nombreuses académies après la mise en place des I.U.F.M., en vue d’avoir des maîtres chargés des remplacements.

Des recrutements spéciaux niveau D.E.U.G. ont encore eu lieu au cours de la rentrée scolaire 1999 C .

Tableau 17 : Le niveau de diplôme le plus élevé possédé aujourd’hui en fonction de l’âge. (Graphiques 28 et 29, Annexes, tome 2)
diplôme aujourd’hui
âge
moins de 26 ans 26/35 ans 36/45 ans plus de 46 ans
bac   4 % 39 % 70,5 %
D.1°cycle 11 % 26,5 % 24,5 % 17 %
D.2°, 3°cycle 87 % 60 % 30 % 12,5 %
autre D. 2 % 9,5 % 6,5 %  

Les enseignants âgés entre 26 et 35 ans et entre 36 et 45 ans sont aujourd’hui plus diplômés qu’au moment de leur entrée dans le métier.

Tableau 18 : Le niveau de diplôme le plus élevé possédé avant l’entrée dans l’enseignement en fonction du sexe. (Graphique 30, Annexes, tome 2)
diplôme avant l’entrée dans l’enseignement
sexe
masculin féminin
bac 50,5 % 45 %
D.U. 1° cycle 19 % 20 %
D.U. 2° cycle 28,5 % 30,5 %
autre D.U. 2 % 4,5 %

Les enseignants féminins sont légèrement plus diplômés. Cela n’est pas surprenant car elles ont, dans la plupart des professions, à l’entrée dans la carrière, par rapport aux hommes, un niveau d’études générales légèrement décalé vers le haut.

Tableau 19 : Le niveau de diplôme le plus élevé possédé aujourd’hui en fonction du sexe. (Graphique 31, Annexes, tome 2)
diplôme aujourd’hui
sexe
masculin féminin
bac 32 % 40,5 %
D.U. 1° cycle 22,5 % 22 %
D.U. 2° cycle 41,5 % 32,5 %
autre D.U. 4 % 5 %

Les hommes plus que les femmes acquièrent des diplômes pendant leur carrière. Ils auraient donc plus que leurs collègues féminins continué un cycle d’études universitaires. Une partie d’entre eux, une fois installés dans la carrière, auraient poursuivi des études pour obtenir un diplôme plus élevé.

Tableau 20 : Le niveau de diplôme le plus élevé possédé aujourd’hui en fonction du niveau de diplôme possédé à l’entrée dans l’enseignement. (Graphique 32, Annexes, tome 2)
diplôme aujourd’hui
diplôme à l’entrée
bac D.U. 1°cycle D.U.2°cycle autre D.U.
bac 82 %      
D. 1°cycle 8,5 % 92,5 %    
D. 2°, 3°cycle 7,5 % 7,5 % 100 %  
autre D.U. 2 %     100 %

Parmi ceux qui avaient uniquement le baccalauréat à l’entrée, aujourd’hui 82 % d’entre eux n’ont rien obtenu de plus, 8,5 % ont un diplôme de 1° cycle universitaire, 7,5 % un diplôme de 2° ou 3° cycle et 2 % un autre diplôme de l’enseignement supérieur. 18 %, seulement, des maîtres qui étaient faiblement diplômés ont continué un cycle d’études. 7,5 % des titulaires d’un diplôme de 1° cycle universitaire ont aujourd’hui acquis un diplôme de 2° et 3° cycle.

Formation universitaire en fonction de l’ancienneté générale d’enseignement (graphique 33).

C’est à partir de la classe d’âge entre 15 et 25 ans d’ancienneté que l’on voit apparaître une formation universitaire plus importante. En effet, rappelons qu’en 1979 une réforme des recrutements des maîtres du premier degré obligeait tous les enseignants à être titulaires d’un D.E.U.G..

Formation initiale en fonction de l’ancienneté générale de service (graphique 34).

76 % des enseignants en exercice ont eu une formation à l’Ecole Normale ou à l’I.U.F.M. , c’est, par ailleurs, également le cas de 96 % des maîtres entrés en fonction au cours des quartorze dernières années. Joint à l’élévation du niveau de recrutement, cet aspect dénote un très net renforcement du degré de compétence exigé.

Au delà de 15 ans d’ancienneté, la proportion d’enseignants qui exercent sans être passés par une formation initiale à l’Ecole Normale augmente régulièrement, jusqu’à dépasser 60 % au delà de 25 ans d’activité.

La situation actuelle du profil professionnel des classes d’âge les plus élevées peut s’expliquer comme le résultat d’un départ régulier des normaliens vers des postes de professeurs dans les collèges.

Tableau 21 : L’expérience avant l’enseignement en fonction du niveau de diplôme le plus élevé possédé à l’entrée dans l’enseignement. (Graphique 35, Annexes, tome 2)
diplôme
expérience avant l’enseignement
activités professionnelles uniquement études responsabilité d’enfants
bac 18 % 70 % 9,5 %
D.U. 1°cycle 23,5 % 69 % 5,2 %
D.U. 2°/3°cycle 35,5 % 47 % 13 %
autre D.U. 75 % 12,5 % 12,5 %

Les moins diplômés avant d’entrer dans l’enseignement n’ont été, pour une grande part, que lycéens ou étudiants et, par conséquent, très peu ont eu une activité professionnelle. Pour ceux qui en ont exercé une, il s’agit essentiellement d’une durée limitée certainement aux périodes de vacances.

Les titulaires d’un diplôme de 2° ou 3° cycle avant d’entrer dans l’enseignement ont davantage exercé une activité professionnelle, en particulier dans le commerce et l’industrie. Il s’agit certainement de professeurs d’école entrés tardivement dans l’enseignement, après avoir eu un emploi de niveau cadre.

Enfin, les titulaires d’un autre diplôme de l’enseignement supérieur (spécifique ou professionnel ouvrant à la vie active) ont, pour 75 % d’entre eux, déjà exercé une activité professionnelle.

Tableau 22 : L’expérience avant l’enseignement en fonction de l’âge. (Graphique 36, Annexes, tome 2)
âge
expérience avant l’enseignement
activités professionnelles uniquement études responsabilité d’enfants
moins de 26 ans 22 % 66 % 0 %
26/35 ans 30,5 % 56,5 % 13 %
35/45 ans 27 % 62,5 % 8 %
plus de 45 ans 23 % 61 % 10 %

Ces résultats ne sont pas particulièrement significatifs. Ils démontrent cependant que c’est parmi les classes d’âges entre 26 et 45 ans que l’on trouve le plus de ceux qui ont eu une activité avant leur entrée dans le métier. Parmi eux, certains ont commencé leur carrière tardivement. 66 % des plus jeunes maîtres n’ont eu que leurs études comme seules expériences.

Notes
C.

oncours spéciaux pour le recrutement d’instituteurs- année 1999-. Répartition des emplois aux concours spéciaux pour le recrutement d’instituteurs- année 1999- : B.O.E.N. n° 30 du 2 septembre 1999.