4- La perception de la valeur de la fonction d’enseignant dans le premier degré.

A propos du sentiment négatif de la place des enseignants dans la société, de nombreux aspects peuvent intervenir : le sexe et l’âge en sont deux, le cursus scolaire et l’origine sociale en sont deux autres. L’ensemble rend difficile la compréhension du discours peu satisfait de la profession sur elle-même .

A peine plus d’un quart des enseignants du premier degré (30 %) estime leur fonction bien considérée dans la société.

Tableau 32 : Degré de satisfaction par rapport à la place des enseignants dans la société en fonction du sexe. (Graphiques 51 et 52, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
hommes 26,5 % 73,5 %
femmes 31 % 69 %

Très peu de femmes se disent très satisfaites (1,5 % des enseignantes).

De manière plus générale, les hommes sont plus insatisfaits que les femmes.

Tableau 33 : Degré de satisfaction par rapport à la place des enseignants dans la société en fonction de l’âge. (Graphiques 53 et 54, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
moins de 26 ans 50 % 50 %
26 à 35 ans 40 % 60 %
36 à 45 ans 26,5 % 73,5 %
pus de 45 ans 22 % 78 %

C’est dans les tranches d’âges de 36 à 45 ans et plus de 45 ans que l’on trouve le plus fort sentiment de dévalorisation.

Plus l’enseignant est jeune, plus il est satisfait. Ce qui est facilement compréhensible car le jeune professeur d’école n’a pas encore été vraiment confronté à la réalité du métier et vit toujours sur ses représentations.

Tableau 34 : Degré de satisfaction par rapport à la place des enseignants dans la société en fonction du diplôme le plus élevé possédé aujourd’hui. (Graphique 55, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
bac 18 % 82 %
D.U. 1°cycle 35 % 65 %
D.U. 2°cycle 37 % 62 %
autre D.U. 50 % 50 %

Les enseignants les plus diplômés, qui sont aussi les plus jeunes, et souvent issus d’une origine sociale plus élevée, font partie de ceux qui sont les moins négatifs sur la place du métier qu’ils exercent.

Tableau 35 : Degré de satisfaction par rapport à la place des enseignants dans la société en fonction de l’origine sociale. (Graphique 56, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
agriculteur 46 % 54 %
artisan/commerçant 26,5 % 73,5 %
chef d’entreprise 43 % 57 %
cadre supérieur 50 % 50 %
enseignant 34,5 % 65,5 %
cadre moyen 18 % 82 %
ouvrier 22 % 78 %
employé 34,5 % 65,5 %
autre 20,5 % 79,5 %

Les enseignants issus des classes sociales les plus favorisées sont, parmi le corpus du premier degré, les plus satisfaits de la place qui leur est donnée dans la société. C’est un sentiment opposé qui apparaît de la part des maîtres issus de classes sociales plus défavorisées. Ceux pour qui l’accès à cette situation professionnelle est une ascension sociale ont le souhait d’être davantage reconnus par la société.

Tableau 36 : Degré de satisfaction par rapport à la place des enseignants dans la société en fonction du parcours d’études. (Graphique 57, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
parcours 1 19,5 % 80,5 %
parcours 2 23 % 77 %
parcours 3 36 % 64 %
parcours 4 20 % 80 %
parcours 5 36,5 % 63,5 %
parcours 6 44,5 % 55,5 %

Parcours 1 : concours E.N. fin de 3ème => bac => E.N. => titulaire

Parcours 2 : bac => remplaçant => titulaire

Parcours 3 : bac => concours E.N .=> E.N. => titulaire

Parcours 4 : université => remplaçant => titulaire

Parcours 5 : université => concours E.N., I.U.F.M. => E.N., I.U.F.M. => titulaire

Parcours 6 : université => enseignement 2ème degré => concours E.N.,I.U.F.M. => E.N.,I.U.F.M. => titulaire

Les enseignants sans formation initiale sont plutôt insatisfaits de leur statut social. Les maîtres entrés très tôt à l’Ecole Normale dès l’obtention de leur baccalauréat ont le même sentiment.

Etudions maintenant le degré de satisfaction par rapport aux revenus.

Tableau 37 : Degré de satisfaction par rapport aux revenus des enseignants en fonction du dipôme le plus élevé possédé aujourd’hui. (Graphique 58, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
bac 72 % 28 %
D.U. 1°cycle 76 % 24 %
D.U. 2°cycle 78,5 % 21,5 %
autre D.U. 90 % 10 %

Plus l’enseignant a un diplôme élevé, plus il est satisfait de ses revenus. Comment expliquer cela ? Peut-être ces maîtres hautement diplômés étaient-ils à la recherche d’un emploi et le fait d’avoir une situation stable, loin des angoisses du chômage, leur apporte-t-il une satisfaction. Ils sont généralement tous professeurs des écoles et bénéficient ainsi de la revalorisation des traitements.

Tableau 38 : Degré de satisfaction par rapport aux revenus des enseignants en fonction de l’origine sociale. (Graphique 59, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
agriculteur 76,5 % 23,5 %
artisan/commerçant 94,5 % 5,5 %
chef d’entreprise 99 % 1 %
cadre supérieur 90 % 10 %
enseignant 84,5 % 15,5 %
cadre moyen 70 % 30 %
ouvrier 55 % 45 %
employé 69 % 31 %
autre 90 % 10 %

Ce sont les enseignants issus des classes sociales les plus défavorisées qui ont un taux d’insatisfaction le plus élevé. Ce résultat confirme celui qui est observé plus haut concernant leur place dans la société : ceux qui sont issus de milieux familiaux les plus défavorisés attendent beaucoup de leur situation d’enseignant.

Tableau 39 : Degré de satisfaction par rapport aux revenus des enseignants en fonction du parcours d’études. (Graphique 60, Annexes, tome 2)
  satisfaits non satisfaits
parcours 1 73 % 27 %
parcours 2 72 % 28 %
parcours 3 72,5 % 27,5 %
parcours 4 66 % 34 %
parcours 5 80,5 % 19,5 %
parcours 6 77,5 % 22,5 %

Les titulaires d’un diplôme universitaire qui ont eu une formation initiale à l’Ecole Normale ou à l’ I.U.F.M. (parcours 5 et 6) sont les plus satisfaits de leurs revenus.

Les moins diplômés et dépourvus de formation initiale en sont moins heureux. La plupart n’ont pas encore été intégrés dans le corps des professeurs d’école et ont donc un indice salarial nettement inférieur.