2.3- Etudions maintenant les effets de ce malaise sur la personnalité.

Avant d’aborder ce sujet, il faut d’abord préciser deux considérations de fond.

Premièrement, on n’a parlé jusqu’à présent que du malaise des enseignants et de leur épuisement, qui découle de la multiplicité de leurs responsabilités. Il s’agissait de décrire une situation générale, dont on a souligné les aspects sociologiques. Leurs réactions à cette situation sont très diverses et l’on ne peut donc pas généraliser le discours sur leur malaise.

Deuxièmement, il faut en nuancer la portée sur la personnalité. Si l’on veut l’évaluer finement sur le plan qualitatif et quantitatif, il faut rejeter résolument des expressions vagues qui foisonnent dans certaines études, où les données fournies semblent difficilement comparables.

Les effets nocifs qu’ils peuvent subir sur leur personnalité sont liés à de nombreux facteurs institutionnels, d’âge, de sexe et d’expérience professionnelle. Nous sommes donc loin d’un discours simpliste établissant des liens de cause à effet linéaires et avançant des affirmations excessivement globales.

José M. Esteve distingue douze niveaux de conséquences du malaise des enseignants sur leur personnalité J 2 . On ne peut parler d’atteinte physique que pour les trois derniers, et ils ne concernent qu’un nombre très réduit. En effet, ils mettent en oeuvre des mécanismes de défense tels que le désengagement personnel par rapport à leur travail, la routine ou l’absentéïsme qui, tout en diminuant la qualité de l’enseignement, leur permettent d’échapper aux tensions de leur profession. Il s’agit là des effets indésirables les plus courants et les plus nombreux de ce malaise.

J.M. Esteve en a classé, d’une part par ordre croissant de gravité et d’autre part décroissant en fonction du nombre d’enseignants atteints, les conséquences sur leur personnalité .

Des maîtres doivent faire face à des situations imprévisibles dont peu de personnes ne leur avaient vraiment parlé et pour lesquelles ils n’ont pas été réellement préparé.

S’efforcer de combattre leur malaise, c’est par l’étude de ses origines, au-delà d’un diagnostic négatif sur leurs conditions de vie professionnelle, vouloir lutter contre les sentiments de perplexité et d’agression. Des facteurs sociaux et structuraux en sont souvent la cause.

Notes
J.

.M. Esteve, El malestar docente, Laia, Barcelona, 1987.