6- Hommes et femmes ont-ils les mêmes motivations ?

Les motivations des femmes enseignantes sont massivement orientées vers l'épanouissement et l'affectivité ; celles des hommes enseignants, plus hétérogènes, ont surtout trait à l'épanouissement et au prestige.

Le désir d'épanouissement et d'affection est sensiblement plus développé chez les femmes enseignantes (respectivement 52 et 54 %) que chez les hommes (respectivement 45 et 40 %).

On observe dans la population française une sensibilité plus forte à ces mêmes motivations chez les femmes (31 % et 50 %) que chez les hommes (28 % et 44 %).

Ce contraste s'accentue en ce qui concerne les enseignants, marquant ainsi une bi-polarisation des motivations féminines : le besoin d'affection d'une part (54 %), le besoin d'épanouissement d'autre part (52 %), les caractérisent et dominent largement, au détriment de l'ensemble des autres motivations.

Chez les enseignants masculins, les motivations sont beaucoup plus partagées. L'importance du besoin de prestige et d'ostentation crée un hiatus avec les motivations féminines. Ils constituent une population aux motivations hétérogènes, légèrement en retrait par rapport aux femmes sur la logique d'évolution mise en évidence par Maslow.

En termes de motivations à enseigner, il est probable que les femmes aient été incitées par la possibilité (réelle ou supposée) de s'épanouir pleinement, en aidant les enfants à devenir eux-mêmes, et de donner libre cours à leur intense besoin d'affection au sein même de leur environnement professionnel.

Pour les hommes, en revanche, l'insertion dans le milieu enseignant semble davantage résulter du besoin d'exister à travers le statut et ses attributs.

Le hiatus majeur séparant enseignants et jeunes Français concerne la prééminence accordée dans un cas à l’épanouissement et dans l'autre à la sécurité économique.

Ce hiatus est plus prononcé chez les hommes que chez les femmes : alors que les jeunes Français sont plus inquiets de leur avenir que les jeunes Françaises (respectivement 60 % et 55 %), les enseignantes éprouvent moins le besoin d'être rassurées sur ce point (36 %) que les enseignants (39 %). Soit un écart de 24 points entre jeunes Français et enseignants masculins, contre 16 points pour les femmes.

Les hommes enseignants se distinguent par leur forte expressivité, leur motivation intense d'épanouissement.

Hormis le hiatus évoqué plus haut, aisément explicable par la différence de statuts socio-professionnels, il est intéressant de noter que la hiérarchie des motivations des enseignants masculins diffère peu de celle des jeunes Français, tandis que l'on observe certains décalages entre femmes enseignantes et jeunes Françaises.

Les premières aspirent plus à la sécurité affective alors que les secondes recherchent davantage des satisfactions matérielles.

La tonalité affective des intégrations effectuées par l'Education Nationale est ici encore patente.