1- Rechoisir ou non l’enseignement.

Examinons dans un premier temps les réponses brutes.

Si c'était à refaire, compte tenu de votre expérience, choisiriez-vous ou non l'enseignement ?

Rechoisir l’enseignement (graphique 191).

  • oui, ferme 54 %
  • oui, mais avec des nuances (autre niveau d'élèves, 2ème degré par exemple...) 15 %
  • oui, passivement, faute de mieux, faute d'autres ouvertures 6 %
  • je ne sais pas 19 %
  • non 6 %

75 % des répondants, compte tenu de leur expérience, opteraient de nouveau pour l’enseignement, 19 % ne savent pas et 6 % ne rechoisiraient pas.

C’est un résultat plutôt rassurant. Seuls 6 % de l’échantillon sont sûrs qu’ils ne recommenceraient pas. Plus de la moitié dit “oui” sans nuances. 75 % rechoisiraient “activement” l’enseignement, en changeant éventuellement le cahier des charges.

Tableau 149 : Rechoisir l’enseignement en fonction de l’âge. (Graphique 192, Annexes, tome 2)
âge
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
- 26 ans 77 % 0,5 % 11 % 11,5 % 0,5 %
26 / 35 ans 64 % 13 % 4 % 17 % 2 %
36 / 45 ans 44 % 14,5 % 9 % 23 % 9,5 %
+ 45 ans 54 % 18,5 % 4,5 % 17 % 6 %

Ce sont ceux de 36 à 45 ans qui seraient les moins nombreux à rechoisir l’enseignement.

Tableau 150 : Rechoisir l’enseignement en fonction du sexe. (Graphique 193, Annexes, tome 2)
sexe
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
masculin 37,5 % 15 % 15 % 23 % 9,5 %
féminin 59,5 % 14,5 % 3,5 % 18 % 4,5 %

Les différences sont ici significatives. La réponse “oui ferme” est donnée par 37,5 % des hommes et 59,5 % des femmes. Le “non” intervient pour 9,5 % des hommes et 4,5 % des femmes. Les “oui, avec nuances” et “ oui, passivement” sont plus fréquents chez les hommes. Globalement, les femmes sont plus satisfaites, ce qui corrobore nos résultats déjà énoncés. L’explication est complexe. Pour quelques-uns, les hommes sont à la fois plus engagés dans la carrière et plus déçus du bilan qu’ils en tirent. Les femmes auraient d’autres lieux d’investissement, ce qui relativiserait leurs attentes et leurs déceptions. Pour les autres, c’est purement une question de “mortalité d’échantillonnage”. C’est-à-dire que, les femmes mariées mécontentes auraient déjà quitté l’enseignement, seraient à temps partiel ou en disponibilité alors que les hommes y restent pour des raisons essentiellement financières.

Tableau 151 : Rechoisir l’enseignement en fonction de l’ancienneté générale de service. (Graphique 194, Annexes, tome 2)
ancienneté
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
0 / 3 ans 65 % 13 % 4,5 % 17,5 % 0 %
4 / 6 ans 73,5 % 11 % 4 % 7,5 % 4 %
7 / 14 ans 51,5 % 19 % 5 % 19 % 5,5 %
15 / 25 ans 44,5 % 7,5 % 11 % 28 % 9 %
26 / 35 ans 51 % 22 % 5,5 % 16 % 5,5 %
36 / 40 ans 50 % 12 % 0,5 % 25 % 12,5 %

Les réponses “non” (ne rechoisirait pas) interviennent moins fréquemment dans les groupes dont l’ancienneté est réduite. C’est à la fois logique et rassurant. Par ailleurs, les maîtres les plus anciens sont les plus nombreux à ne pas vouloir rechoisir le métier dans lequel ils se sont engagés pendant toute leur carrière. Ce résultat est à rapprocher de celui qui mettait en relation le fait de désirer opter de nouveau pour l’enseignement en fonction de l’âge. Il confirmerait que les plus âgés et anciens dans le métier seraient les plus nombreux à ne pas vouloir le rechoisir. Par ailleurs, pour l’ensemble, ces différences ne sont pas significatives.

Tableau 152 : Rechoisir l’enseignement en fonction de l’affectation. (Graphique 195, Annexes, tome 2)
affectation
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
direction maître-form 46 % 9,5 % 11,5 % 21 % 12 %
classe titre définitif 52 % 16,5 % 5 % 20,5 % 6 %
classe titre provisoire 60 % 17 % 11,5 % 11 % 0,5 %
service fractionné 76,5 % 15 % 0,5 % 7,5 % 0,5 %
remplace ment 61 % 15 % 0,5 % 23 % 0,5 %

Ceux qui ont des responsabilités affirmées dans le sytème éducatif, tels que les directeurs d’école ou les maîtres-formateurs, mais aussi qui sont nommés à titre définitif dans une école s’investissent davantage que leurs collègues à titre provisoire. Ils se distinguent particulièrement car ils sont bien moins nombreux à vouloir rechoisir l’enseignement (67 % des directeurs et maîtres-formateurs et 73,5 % des maîtres nommés à titre définitif contre 88,5 % de ceux à titre provisoire et 92 % de ceux qui exercent sur des services fractionnés). Ils déclarent plus fermement ne pas souhaiter rechoisir leur métier. Mais il est vrai que les maîtres affectés à ces types de postes sont aussi souvent les plus anciens. Les remplaçants qui ne peuvent vraiment pas s’investir dans la vie d’une école (sauf peut-être au cours de longs remplacements) sont les plus nombreux à ne pas savoir s’ils rechoisiraient l’enseignement.

Tableau 153 : Rechoisir l’enseignement en fonction du niveau d’enseignement. (Graphique 196, Annexes, tome 2)
niveau
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
maternelle 57 % 10,5 % 3 % 23 % 6,5 %
élément. 51 % 16,5 % 9 % 16,5 % 7 %
mat & élém 62,5 % 16 % 0,5 % 21,5 % 0,5 %

Statistiquement, ces différences ne sont pas significatives. Mais une tendance peut apparaître : les maîtres affectés dans des écoles comprenant des classes maternelles et élémentaires (ce sont généralement des classes en milieu rural) ou les maîtres chargés des remplacements sur l’ensemble des cycles du premier degré, se distingueraient davantage par leur volonté de rechoisir le métier d’enseignant (63,5 % rechoisiraient fermement, 0,5 % ne rechoisiraient pas)

Tableau 154 : Rechoisir l’enseignement en fonction du diplôme le plus élevé possédé aujourd’hui. (Graphique 197, Annexes, tome2)
diplôme
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
bac 45 % 15,5 % 9 % 25,5 % 5 %
D..1°cycle 57,5 % 11,5 % 4,5 % 17,5 % 9 %
D.2°, 3° 60,5 % 15,5 % 6 % 14 % 4 %
autre D. 59 % 20 % 0,5 % 10,5 % 10 %

Ce sont les plus diplômés qui rechoisiraient plus volontiers le métier d’enseignant (titulaire d’un diplôme de 2° ou 3° cycle : 82 %) a contrario de ceux qui le sont moins et en particulier qui ne possèdent qu’un baccalauréat (69,5 %). Ils pourraient en effet envisager d’autres voies possibles aujourd’hui, en continuant dans un premier temps leurs études universitaires. Parmi ces derniers, il faut relever un résultat intéressant : 25,5 % d’entre eux ne savent pas s’ils opteraient de nouveau pour leur métier. Ceux qui ont un diplôme élevé ont généralement peu d’ancienneté et peut-être, avant leur entrée dans le métier, connu le chômage ou exercé une autre profession.

Tableau 155 : Rechoisir l’enseignement en fonction des hésitations de départ à choisir l’enseignement. (Graphique 198, Annexes, tome 2)
hésitations
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
non 65 % 11 % 3,5 % 15 % 5,5 %
non,incertitude sur le niveau 64 % 16,5 % 3 % 16 % 0,5 %
non, incertitude d’engagement définitif 25 % 25 % 8,5 % 33 % 8,5 %
oui, autant intéressé par d’autres voies 37 % 18,5 % 7 % 30,5 % 7 %
oui, plus intéressé par d’autres voies 10 % 20 % 40 % 10 % 20 %

Ceux qui n’ont pas hésité rechoisiraient à 79,5 % et à 83,5 % le même métier. Considérons à part ceux qui n’ont pas craint d’y entrer mais avaient cependant une incertitude d’engagement définitif: en effet, ils ne sont que 58,5 % à désirer rechoisir et 33 % à ne pas savoir.

Même après des années d’exercice du métier, ils sont, pour un tiers d’entre eux, toujours aussi indécis sur la détermination de leur engagement. Ceux qui ont, au départ, hésité à entrer dans l’enseignement seraient les plus nombreux à ne pas vouloir le rechoisir (20 %) et, pour ceux qui s’y engageraient de nouveau, 40 % d’entre eux le feraient passivement. Cette catégorie semble peu motivée, peu enthousiaste au dynamisme et formerait en grande partie le groupe de ceux qui resteraient par résignation.

Tableau 156 : Rechoisir l’enseignement en fonction du fait d’avoir ou non pensé à quitter le métier pour lequel on s’était engagé. (Graphique 199, Annexes, tome 2)
avoir pensé à quitter
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
non ferme 80,5 % 8,5 % 1 % 7 % 3 %
oui ferme 18,5 % 15 % 15 % 29 % 22,5 %
oui nuance 29 % 25 % 10,5 % 29 % 6,5 %
nonnuance 40,5 % 18,5 % 9,5 % 31 % 0,5 %

Lorsqu’un enseignant n’a pas pensé à quitter son métier, il opterait plus volontiers pour un nouvel engagement que les maîtres qui ont songé à arrêter leur carrière.

Tableau 157 : Rechoisir l’enseignement en fonction des moments de doute. (Graphique 200, Annexes, tome 2)
moment de doute
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui, passivement ne savent pas non
1° 2° années 58,5 % 14,5 % 13 % 14 % 0 %
3° 4° années 42 % 43 % 1 % 14 % 0 %
5° 6° années. 1,5 % 49 % 1 % 33 % 15,5 %
7°/15° années. 22,5% 14,5 % 11 % 37 % 15 %
après 15° année 14 % 14,5 % 14,5 % 35,5 % 24,5 %
plusieurs moments 28,5 % 24,5 % 21,5 % 21,5 % 7 %

C’est chez les maîtres qui ont connu des moments de doute après la 5° année que l’on trouve le plus d’enseignants qui ne savent pas s’ils se rengageraient de nouveau dans le métier. C’est parmi ceux qui ont connu des moments d’ incertitudes après la 15° année que l’on rencontre le plus d’enseignants qui ne souhaiteraient pas le rechoisir.

Tableau 158 : Rechoisir l’enseignement en fonction de la première motivation de départ pour le métier. (Graphique 201, Annexes, tome 2)
motivations
rechoisir
oui, ferme oui, avec nuances oui,passivement ne savent pas non
actives 35,5 % 47,5 % 4 % 10,5 % 2,5 %
matérielles 46,5 % 20 % 5 % 20,5 % 8 %
passives 39 % 14 % 17,5 % 11,5 % 18 %

87 % qui ont débuté avec des motivations actives se prononceraient encore pour ce même métier.

17,5 % de ceux qui avaient des motivations initiales passives le préféreraient de nouveau pour les mêmes raisons.