3- Les raisons de rechoisir l’enseignement.

La raison principale (graphique 210):

• une vocation ; forte attirance pour le métier : 26 %.
• le contact avec les jeunes :19 %.
• les possibilités d'enrichissement intellectuel : 3 %
• l'autonomie dans le travail : 25 %.
• garantie de l'emploi : 15 %.
• les horaires de travail : 4 %.
• les vacances, le temps libre : 7 %

Les raisons de rechoisir l'enseignement peuvent être classées en deux catégories : raisons intrinsèques (49 %) et extrinsèques (51 %) qui renvoient aux conditions de travail. Ce sont celles qui ont déjà été définies dans les motivations. Les répondants privilégient surtout la relation, le plaisir de faire partager leurs connaissances et de faire apprendre, mais aussi leur autonomie qui est un aspect important de leur travail.

On s’engagerait donc de nouveau dans l’enseignement parce que c’est un métier de “la relation” : relations avec les élèves qui sont spécifiques car elles sont d’un autre ordre qu’avec les adultes. Le maître dans sa classe est peut-être, parmi les différents acteurs du système éducatif, le plus libre; il a une autonomie d’intervention et d’action particulière. Ce n’est que pendant les visites d’inspection qu’il a de véritables explications à donner sur ses méthodes pédagogiques. L’Inspecteur de l’Education Nationale, son supérieur hiérarchique direct ne le rencontre dans sa classe qu’une fois tous les trois ans en moyenne. Par ailleurs, de nombreuses visites d’inspection ne sont plus, aujourd’hui, des moments de sanction, de contrôle mais de plus en plus de formation. Il apprécie également l’équilibre que cette profession permet entre sa vie professionnelle et sa vie familiale ou entre l’enseignement et d’autres activités.

Toutes les réponses permettent de confirmer la mesure de sa satisfaction.

Lorsque les maîtres sont très jeunes et de fait depuis peu dans le métier, 89 % réaffirmeraient leur choix de devenir enseignant, pour des raisons intrinsèques. Par ailleurs, pour toutes les classes d’âge, la vocation reste forte, tout en diminuant avec l’âge. L’autonomie et la garantie de l’emploi sont les motivations passives les plus importantes au sein des raisons extrinsèques. L’autonomie reste une une raison principale pour rechoisir l’enseignement après 26 ans.

Chez les hommes, ce sont les motivations matérielles qui sont les plus importantes. Parmi elles, l’autonomie est prépondérante. En ce qui concerne les raisons intrinsèques, le contact avec les jeunes est aussi important que la vocation.

Chez les femmes, les résultats sont plus modérés. Les raisons intrinsèques sont cependant majoritaires, en premier lieu la vocation. L’autonomie est également la première des motivations matérielles. L’importance de l’intérêt porté au temps libre certifie ce que nous affirmions, à savoir que les femmes souhaitent (peut-être davantage que les hommes) consacrer du temps à leur vie de famille ou à d’autres activités.

Lorsque l’enseignant a des fonctions administratives (par un service de direction d’école ou des actions de formateur), il rechoisirait l’enseignement à 53,5 % pour des motivations matérielles.

Plus l’on a de responsabilités dans l’école ou plus l’on s’investit dans l’école où l’on est affecté, plus les raisons de préférer de nouveau son métier sont extrinsèques, en particulier pour la garantie de l’emploi. Par ailleurs, la vocation reste forte. Les maîtres chargés des remplacements ou nommés sur des services fractionnés, voire sur plusieurs écoles en même temps, s’engageraient une fois encore dans l’enseignement pour des raisons intrinsèques et, en particulier, par vocation.

Ces résultats pourraient mettre en évidence que ce dernier type de fonction n’altèrerait pas le désir d’enseigner si l’on n’y retrouvait pas de jeunes maîtres en début de carrière.

Ces données confirment les observations déjà énoncées plus haut, à savoir que les maîtres nommés sur des classes maternelles et élémentaires rechoisiraient leur métier pour des motivations actives. Il s’agit essentiellement de maîtres d’écoles rurales. Pour eux, la vocation est légèrement plus élevée que pour ceux qui sont nommés à l’école maternelle ou élémentaire (qui, elles, sont majoritairement urbaines) .

Plus on a de l’ancienneté, plus les raisons de rechoisir l’enseignement sont extrinsèques, avec des motivations matérielles. La vocation diminue proportionnellement à l’ancienneté. L’envie de garantir son emploi atteint son maximum en milieu de carrière, pour diminuer ensuite .

Ces résultats ne sont significatifs que pour les titulaires d’un diplôme universitaire spécifique, qui rechoisiraient en majorité l’enseignement pour des raisons extrinsèques et, parmi elles, l’autonomie dans le travail.

Parmi eux, certains ont peut-être déjà eu une activité professionnelle. Cette expérience passée leur permettrait, tout particulièrement, d’apprécier cette forme de liberté dans leurs nouvelles fonctions.

Les maîtres qui sont entrés dans l’enseignement sans aucune hésitation rechoisiraient leur métier à 61 % pour des motivations actives. Mais, dès que des incertitudes apparaissent dans l’engagement initial, quand bien même il n’y a pas eu d’hésitation, un nouveau départ serait davantage motivé par des raisons extrinsèques, donc plus matérielles. Ces dernières sont de plus en plus importantes quand les hésitations se sont affirmées au moment d’entamer la carrière.