5.2- Mais, pour certains, le bilan serait trop sombre.

Ainsi, ceux des écoles situées en zone d’éducation prioritaire ont renoncé à faire passer certaines connaissances.

Pour ceux-ci , le bonheur d’enseigner n’est pas la transmission du savoir. Il est d’une autre nature : l’engagement, corps et âme, dans unemission sociale, à moins que ce soit dans un sacerdoce.

Degré de satisfaction des maîtres qui sont entrés dans l’enseignement parce qu’ils souhaitaient avoir une action sociale (graphique 219).

  • très satisfait : 4 %
  • assez satisfait : 88 %
  • peu satisfait : 7,5 %
  • pas satisfait du tout : 0,5 %

“‘Je me bats contre l’échec, parce que l’échec c’est insupportable’ “ dit une enseignante de banlieue marseillaise. Un maître qui a volontairement choisi d’enseigner en zone difficile affirme“parce-que j’ai senti que ces enfants étaient demandeurs...” et confirme cet engagement missionnaire, qui est aussi une révolte personnelle. “il faut compenser toute cette noirceur, toute cette mollesse, par un engagement encore plus fort. Ces enfants ont le sentiment d’avoir tout raté. Ils crachent à la face du monde et se vengent en s’exprimant pour se faire reconnaître. Notre mission est de les aider. Chaque année, je leur fais réaliser une pièce de théâtre, un film vidéo, un voyage et aussi un journal. Quand on pousse la porte de la classe, conclut-il, on sait que derrière, il y a des potentialités. Nous sommes quelque part, ajoute-t-il, des accoucheurs de rêves...”

Cette mission dans les terrae incognitae de l’éducation nationale n’est pas le seul fait des enseignants de Z.E.P.. On retrouve cette fibre généreuse même auprès de certains, qui travaillent dans des écoles moins difficiles, comme en témoigne celle d’une école de centre ville, dite favorisée ‘“ parce là aussi, il y a des élèves à dépanner...mon but c’est de faire parler les muets; Du jour où un visage de gamin s’éclaire, il commence à faire des progrès. Pour moi ce sont des moments forts..’ .”

Le maître sauveur, le maître traumaturge, médecin des âmes et de l’intellect bloqués par les difficultés familiales ou par l’injustice sociale, constituent une catégorie d’enseignants heureux. Ceux-là ont pris à bras le corps, avec générosité, les difficultés de la profession, pour “aider les élèves à s’en sortir”.