5.3- Le plaisir n’est pas forcément en fin d’année, ...

... lorsque l’on évalue le progrès du savoir ou de l’intelligence, ni même au moment où des esprits (présumés) endormis semblent lancer quelques étincelles, ou encore dans un engagement militant et social. Il peut aussi naître chaque jour en pénétrant dans la classe, par la relation quotidienne avec ce groupe d’enfants réunis par la magie des institutions, dont on attend la confiance, la complicité.

Pour d’ autres, la satisfaction sera plutôt la relation avec des jeunes, tout en reconnaissant, à la réflexion, que ce plaisir-là, pour eux, est parfois indissociable de celui de transmettre des connaissances.

‘Pour moi,’ dit ce maître d’une école d’un quartier difficile d’une ville de la région lyonnaise, ‘le premier plaisir est le rire de ces enfants malheureux’ ”.

Un autre explique : “‘Ce qui me fait plaisir, ce ne sont pas les résultats scolaires, mais plutôt le fait qu’ils soient heureux avec moi. Je cherche à leur passer une sensibilité, une façon d’être...’”

L’amour des enfants, tout simplement, est une des composantes du bonheur d’enseigner. En dehors de tout savoir, de toute volonté d’agir sur les élèves, le simple fait d’être placé face à des élèves suffit à procurer beaucoup de plaisir à plus d’un.

“‘Pour moi, il n’y a pas de pédagogie. il n’y a que le vécu entre un maître et ses élèves’.” dit une enseignante.

Degré de satisfaction des maîtres qui sont entrés dans l’enseignement parce qu’ils souhaitaient rester au contact de jeunes (graphique 220).

  • très satisfait : 13 %
  • assez satisfait : 81 %
  • peu satisfait : 6 %
  • pas satisfait du tout : 0 %

94 % de ceux qui avaient cette motivation première sont aujourd’hui satisfaits de leur métier.

Ce sont ceux qui aiment les voyages de classe, “parce que cela permet d’établir des relations différentes”, les sorties avec les élèves . Si un élève est en difficulté, on essaiera de tout savoir sur lui, sur ses problèmes, sur sa famille. La classe est considérée comme une personne, chaque élève comme un être humain à part entière, avec qui l’on peut nouer une relation affective, comme avec n’importe qui.

Mais le plaisir, c’est aussi de plaire aux élèves, de les séduire, comme un comédien séduit son public. “ Dans la classe, je fais souvent le clown. J’ai remarqué qu’il faut plus faire des pitreries à la fin qu’au début de la journée” témoigne un maître.

Au-delà des ficelles du métier, ils savent bien qu’il faut se déguiser un peu pour mieux séduire. “Même si je vais très mal, je viens maquillée et souriante” dit l’une d’elles. “Je dois leur renvoyer une image de bonheur”. Les enfants attendent de se faire une opinion définitive de leur maître. Elle a son importance : c’est lui qui dirige la classe et, au travers de cette gestion, il va faire passer une image qui viendra suppléer aux différentes représentations qu’ils peuvent avoir d’un enseignant.

  • “L’un des plaisirs du métier, explique un autre, est de s’adapter au groupe auquel on a à faire face : comprendre les réactions des enfants, repérer les leaders, maîtriser les influences, et devenir finalement le guide reconnu par tous.”