5.6- Très souvent, les enseignants heureux disent avoir été des élèves heureux.

Degré de satisfaction des maîtres qui sont entrés dans l’enseignement par l’influence de son propre succès scolaire ou l’amour de l’école (graphique 223).

86 % de ceux qui avaient cette motivation première sont aujourd’hui satisfaits de leur métier.

Mais cette vocation du bon élève devenu professeur est peut-être aussi, pour certains, la marque d’une peur du monde extérieur, adulte. Heureux à l’école, reconnus bons par l’école, ils restent sur le terrain qui leur a réussi, plutôt que d’affronter les risques et les incertitudes d’une vie professionnelle différente. Le plaisir d’être avec des enfants est un peu le plaisir de rester soi-même un enfant (mais un enfant privilégié...), d’éviter le monde adulte. La classe est un cocon...

Pour de bons élèves ou étudiants que la réussite a poussés jusqu’aux écoles normales ou aux I.U.F.M., avant même de savoir ce qu’est une classe, le bonheur d’enseigner se joue au quitte ou double, le premier jour de la première rentrée. “Dès le départ, je me suis sentie bien dans la classe. Je n’ai eu aucun problème...”. Pour d’autres, au contraire, il a fallu construire peu à peu les conditions du bonheur : se forger une image de prof, apprendre les recettes des collègues, reprendre peu à peu le pouvoir à des enfants prompts à secouer la tutelle. ‘“J’ai connu le chahut au début de ma carrière. J’ai mis des années à dépasser cela. Maintenant, je n’ai aucun problème de discipline’ ”, explique, soulagé, un maître. Au prix d’un travail ardu, d’un grand effort sur soi, certains ont pu ainsi devenir des enseignants heureux.