I.1. Les différentes catégories d'expressions faciales émotionnelles : la question de l'universalité

De Darwin (1872) à Ekman (Ekman, 1992 ; Ekman & Friesen, 1971 ; voir aussi Izard, 1971 ; Tomkins, 1962/1963), un siècle d'observations inter-culturelles indique que les mêmes mouvements faciaux sont utilisés dans les différentes cultures pour exprimer certains états émotionnels11. C'est le cas, par exemple, de la joie. La définition des différentes catégories d'expression faciale émotionnelle s'inspire ainsi la plupart du temps du nombre d'expressions émotionnelles "universelles" recensées : une catégorie est une émotion qui peut être reconnue dans toutes les cultures. Ce nombre est variable selon les auteurs mais la classification la plus acceptée et la plus utilisée dans la littérature scientifique est celle de Ekman et Friesen (1971) qui en ont recensé six : la joie, la colère, le dégoût, la peur, la surprise et la tristesse. Certains de ces états émotionnels correspondent par ailleurs à des patterns spécifiques d'activité autonome du système nerveux (Ekman, Levenson, & Friesen, 1983 ; Levenson, Ekman, & Friesen, 1990 ; Levenson, Ekman, Heider, & Friesen, 1992). Plus tard, ont été rajoutées les expressions indiquant le mépris, l'intérêt, la honte et la culpabilité (voir Ekman, 1992) mais elles n'ont pas eu le même écho que les six premières. De plus, l'idée de l'universalité est remise en question depuis quelques années par certains auteurs (pour un débat, voir Ekman, 1994 ; Izard, 1994 ; Russel, 1993, 1994, 1995). Russel et Fernandez-Dols (1997) ont proposé de parler d'universalité minimale et de reconnaître certaines similitudes inter culturelles plutôt qu'un recouvrement total des expressions faciales et des interprétations émotionnelles et sémantiques qui en sont dérivées.

Notes
11.

Toutefois, entre ces deux périodes, cette hypothèse n'était pas dominante (e. g., Landis, 1924 ; Hunt, 1941 ; voir Ekman, 1992).