I.2. Que nous disent la neuropsychologie et la neuropsychiatrie ?

L'argument principal avancé en faveur de l'indépendance entre la reconnaissance du visage et le traitement de l'expression faciale émotionnelle repose sur l'observation de dissociations neuropsychologiques (e. g., Bruce & Young, 1986 ; Nachson, 1995 ; Young, 1992, 1998 ; Young & Bruce, 1991). Le postulat de base est le suivant : si un patient présente un déficit spécifique dans une tâche donnée, consécutif à la lésion d'une région localisée du cerveau, cette région sera alors considérée comme impliquée dans la réalisation de cette tâche. Si, au contraire, la réalisation d'autres tâches est préservée chez ce patient, elles seront considérées comme étant prises en charge par d'autres régions cérébrales. L'observation de patients atteints pour une tâche A et préservés pour une tâche B alors que d'autres patients présentent le pattern inverse - atteinte pour la tâche B et préservation pour la tâche A - permet donc de conclure que les deux tâches sont prises en charge par des régions fonctionnelles et anatomiques distinctes (Caramazza, 1984, 1986, 1992 ; A. Ellis & Young, 1988, 1996 ; Shallice, 1988 ; R. McCarthy & Warrington, 1990). En d'autres termes, deux processus distincts et localisés dans des régions cérébrales différentes sont mis en oeuvre dans chacune des tâches. Ce type de double dissociation a très souvent été observé pour la reconnaissance de visage et le traitement de l'expression faciale émotionnelle.