V.2. Résultats

Une analyse de variance (2 x 2) a été appliquée à la latence des rejets corrects pour les distracteurs. Le pourcentage de rejets corrects n'est pas présenté en raison d'un effet plafond : les participants ont des performances quasi-parfaites (98,85% de rejets corrects). Les variables analysées sont le genre attribué au visage composite recherché (Marie vs. Jean) et le genre des distracteurs (femmes vs. hommes). Ces deux variables sont intra-sujets. Les moyennes et écart-types par condition sont présentés dans le Tableau 14. Pour information, "Marie" été reconnue correctement dans 93,4% des cas avec une latence moyenne de 560 ms alors que "Jean" a été reconnu correctement dans 94,5% des cas avec une latence moyenne de 557 ms. Aucune différence n'est significative.

Tableau 14 : Latence des rejets corrects (ms) des distracteurs selon leur genre et le genre de la personne recherchée.
Personne recherchée : Marie Jean
Distracteurs : Femmes Hommes Femmes Hommes
Moyenne
(écart-type)
513
(90)
482
(90)
486
(80)
499
(85)

Ni le genre attribué au visage composite recherché ni le genre des distracteurs n'ont d'effet significatif. Cependant, l'interaction entre ces deux facteurs est significative (F (1, 47) = 20.76, p<.0001). Elle indique que les distracteurs féminins étaient rejetés plus rapidement que les distracteurs masculins lorsque les participants recherchaient un homme (486 ms vs. 499 ms, F (1, 47) = 4.11, p<.05) alors que, au contraire, les distracteurs masculins étaient rejetés plus rapidement lorsque les participants recherchaient une femme (482 ms vs. 513 ms, F (1, 47) = 16.92, p<.001). Par ailleurs, les distracteurs féminins étaient rejetés plus rapidement quand les participants recherchaient un homme plutôt qu'un femme (486 ms vs. 513 ms, F (1, 47) = 5.21, p<.05), mais la différence n'est pas significative pour les distracteurs masculins (482 ms vs. 499 ms).

Les résultats de cette expérience indiquent que les distracteurs sont rejetés plus ou moins rapidement selon qu'on attribue un prénom féminin ou masculin au visage composite androgyne recherché. La similarité entre le visage composite et les distracteurs étant strictement la même dans les différentes conditions de genre de la personne recherchée, l'effet de genre rapporté ici ne peut pas s'expliquer par une plus grande ressemblance entre des visages de même genre. Au contraire, il apparaît que la catégorisation préalable du genre des distracteurs favorise leur rejet quand ils n'ont pas le même genre, réel ou attribué, que la personne recherchée.