II.2. Résultats

II.2.1. Pourcentage et latence des appariements corrects : ...

une analyse de variance (2 x 2 x 2) a été appliquée au pourcentage et à la latence des réponses correctes. Les variables analysées sont le groupe (schizophrènes vs. contrôles), la consigne (émotion vs. identité) et la condition (corrélée vs. constante vs. orthogonale). La première variable est une variable inter-sujets, les deux autres sont des variables intra-sujets. Les moyennes et écart-types par conditions sont rapportés dans le Tableau 26.

Tableau 26 : Pourcentage moyen (%) et latence moyenne (ms) des classifications correctes des schizophrènes et des contrôles selon la condition.
Consigne Emotion Identité
Condition Corrélée Constante Orthog. Corrélée Constante Orthog.
Schizophrènes :
% 98,54
(2,25)
96,88
(4,66)
95,63
(3,71)
95,83
(6,15)
97,29
(1,67)
97,5
(4,26)
ms 842
(351)
852
(311)
1013
(452)
707
(279)
715
(268)
720
(274)
Contrôles :
% 98,13
(1,55)
98,33
(2,89)
98,75
(2,92)
98,54
(1,98)
98,13
(1,88)
98,33
(1,95)
ms 517
(82)
544
(86)
653
(136)
504
(93)
501
(58)
532
(78)
( ) : écart-type

Aucun effet n'est significatif au niveau du pourcentage de réponses correctes. Les deux groupes ont eu des performances presque parfaites. Au niveau de la latence, la consigne a un effet significatif : les participants répondaient plus rapidement lorsque la classification portait sur l'identité plutôt que sur l'émotion (613 ms vs. 737 ms ; F (1, 22) = 30.60, p<.0001). La condition a aussi un effet significatif (F (2, 44) = 8.84, p<.001), mais elle interagit avec la consigne (F (2, 44) = 5.25, p<.01). Cette interaction indique que la variable condition n'a aucun effet lorsque la consigne portait sur l'identité mais elle a significativement influencé la latence lorsque la consigne portait sur l'émotion (F (2, 44) = 8.83, p<.001). Dans ce dernier cas, les participants répondaient plus lentement dans la condition orthogonale que dans la condition corrélée (833 ms vs. 680 ms ; F (1, 22) = 9.74, p<.01) et dans la condition constante (833 ms vs. 698 ms ; F (1, 22) = 10.02, p<.01). Ces deux dernières conditions ne diffèrent pas significativement.

Par ailleurs, le groupe a un effet significatif : les schizophrènes répondaient plus lentement que les participants contrôles (808 ms vs. 542 ms ; F (1, 22) = 9.03, p<.01). L'interaction entre le groupe et la consigne est aussi significative (F (1, 22) = 8.30, p<.01). Elle indique que la consigne a eu un effet significatif pour les patients schizophrènes (714 ms pour l'identité vs. 902 ms pour l'émotion ; F (1, 22) = 35.38, p<.0001) mais n'en a pas eu pour les participants contrôles. Néanmoins, les schizophrènes répondaient plus lentement que les contrôles lorsque la consigne portait sur l'émotion (902 ms vs. 571 ms ; F (1, 22) = 10.37, p<.01) mais aussi lorsqu'elle portait sur l'identité (714 ms vs. 512 ms ; F (1, 22) = 6.62, p<.05). La différence est, cependant, plus grande pour l'émotion que pour l'identité (331 ms contre 202 ms). Le déficit concerne donc les deux types informations, mais il est plus important pour l'émotion.

Aucune autre interaction n'est significative. Par conséquent, les schizophrènes se distinguent des contrôles sur la latence moyenne pour chaque consigne mais pas sur le pattern de performance selon les différentes conditions (voir Figure 25). Ils présentent "simplement" un décalage de leurs latences vers le haut, pour les deux consignes mais plus important pour l'émotion.

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Figure 25 : Latence des classifications correctes (ms) selon la consigne, la condition et le groupe.