3/ les dossiers de retraite

L'étude des identités au travail des salariées assignée à cette recherche, dans le but de cerner les contours professionnels et peut-être sociaux du groupe, rendait nécessaire la reconstitution des carrières des salariées. Or, les dossiers de personnel ne donnent pas toujours des renseignements exhaustifs quant aux emplois occupés avant l'entrée au Grand Bazar et, surtout, ils ne disent rien des emplois occupés après la sortie du magasin. Les dossiers de retraite constituent, en revanche, une source très riche pour la reconstitution des parcours professionnels, comme le démontrent les travaux de Catherine Omnès sur les ouvrières parisiennes et ceux de Françoise Cribier112. Ceux des salariées du Grand Bazar (dont le dossier de personnel avait été consulté, les "B") ont alors été recherchés. A l'institution du régime de retraite des salariées du secteur privé (géré par la caisse nationale d'assurance vieillesse), en 1946, est venu se greffer un régime complémentaire de retraite (ARRCO pour les salariées non cadres, AGIRC pour les cadres), auquel salariées et employeurs et employeuses doivent obligatoirement cotiser depuis 1961. A la différence de la caisse nationale d'assurance vieillesse, les caisses qui gèrent les régimes complémentaires de retraite sont privées113. Chaque entreprise est libre d'adhérer à l'une de ces caisses et d'en changer. Le Grand Bazar a toujours été affilié à la CIRRIC (caisse interprofessionnelle de retraites par répartition pour l'industrie et le commerce), dont le siège est aujourd'hui à Lille.

Notes
112.

Françoise Cribier, "Itinéraires professionnels et usure au travail : une génération de retraités parisiens", Le Mouvement Social, juillet-septembre 1983, p.11-44 et Catherine Omnès, Ouvrières parisiennes, ouvrage cité.

113.

Jean-Pierre Cendron, Le Monde de la protection sociale : intégration, solidarité, macroéconomie, Circa, Nathan, Paris, 1996, 189 p.