le traitement et le codage des données

Les renseignements consignés dans la base, qui respectent le plus fidèlement possible les inscriptions des archives, doivent d'abord être interprétés et unifiés (c'est le "codage" des statisticiens123) avant de pouvoir faire l'objet d'une étude quantitative. Pour analyse les postes de travail, par exemple, il faut savoir dans quelle mesure la diversité des taxinomies utilisées au Grand Bazar, "manutentionnaire", "manutentionnaire-réserviste", "réserviste", "magasinier", "vendeuses-réservistes" recouvre des fonctions exercées réellement différentes. Pour les modes d'emploi, le travail est encore plus complexe puisque, le non-dit du temps partiel ou des emplois à durée déterminée jusqu'aux années 1970 impose de trouver les indices qui permettent de saisir ces éléments. Or, contrairement au travail des statisticiens, le codage de ces données n'est pas un préalable à l'analyse mais en fait déjà partie, il en est même un premier objectif. Les taxinomies qui permettent de dire le travail et l'emploi au Grand Bazar de 1886 à 1974 ne sont pas préétablies, elles doivent être mises à jour par cette étude.

Dès lors, la base de donnée n'est pas, ou pas simplement, un outil à faire des statistiques mais elle est aussi le support de l'évolution des réflexions. C'est dire que la composition de la base a été régulièrement modifiée au fil de l'évolution des réflexions. Les premières rubriques, celles où sont mentionnées les données d'origine, n'ont jamais été supprimées. Mais d'autres, nouvelles, ont été créées une fois acquis, par exemple, que les termes réserviste et manutentionnaire désignaient les mêmes postes, ou que derrière les "contrats d'auxiliaires à la journée" se cachaient des emplois à temps partiel. C'est une fois tout ce travail porteur de sens effectué que les interrogations quantitatives ont été pu être posées.

Notes
123.

Voir le rappel de ces opérations par Alain Desrosières et Laurent Thévenot, Les Catégories socioprofessionnelles, ouvrage cité, p.29-32.