I/ L'essor commercial du magasin

La rue Impériale [qui devient rue de la République sous la IIIe République] est l'axe central des travaux "d'haussmannisation" de la ville de Lyon, réalisés par Vaïsse, le préfet du Rhône. C'est là, au numéro 31, que Jean Dabonneau installe son magasin de nouveautés¹²⁷ "A la Ville de Lyon", en 1856. Quelques centaines de mètres plus loin, Henry Perrot profite lui aussi de la restructuration urbaine pour agrandir son magasin de tissus, un peu à l'étroit passage de l'Argue – voir plan. Avec une façade sur la rue Impériale et une extension rue du Palais Grillet, ce dernier devient les "Deux Passages"¹²⁸. La concurrence que se livrent les deux magasins de nouveautés tourne à l'avantage du second : "A la Ville de Lyon" doit déménager place des Terreaux en 1885 avant de faire faillite en 1892. L'architecture du bâtiment libéré rue de la République est, par excellence, celle d'un grand commerce : aucun mur ne vient diviser le rez-de-chaussée, parsemé régulièrement de piliers qui soutiennent les deux étages supérieurs. Le premier étage est une grande galerie circulaire, l'espace central étant ouvert sur le rez-de-chaussée. Le Crédit Lyonnais, propriétaire des lieux, propose alors à Henry Perrot, celui qui a fait chuter "A la Ville de Lyon", d'y ouvrir un magasin. Ce dernier accepte et, associé à Jean Tresserre et Paul Perrot – son cousin et gendre –, il loue le fonds de commerce en février 1885. Les trois hommes décident d'exploiter le commerce sous forme de société anonyme, dont les statuts sont déposés chez le notaire le 28 juin 1886¹²⁹. Ils s'adjoignent les services de Paul Kahn, membre du conseil d'administration des Galeries Lafayette, et Benoît Arnaud, imprimeur, pour former le conseil d'administration de la société dont Henry Perrot prend la présidence. Le 8 novembre 1886, un nouveau magasin ouvre ses portes, le Grand Bazar est né.