B/ 1912-1930 : les choix de Fernand Pariset

Gendre de Gustave Bidreman, administrateur du Grand Bazar de 1903 à sa mort en 1911, Fernand Pariset est aussi le fils d'Ernest Pariset, fabricant de soierie, vice-président de la Chambre de commerce de Lyon – dont il a même écrit une histoire –, juge au tribunal de commerce et membre de l'Académie de Lyon¹⁹². Fernand Pariset a 43 ans lorsqu'il devient administrateur-directeur du Grand Bazar. L'attention constante qu'il porte aux mutations du commerce et à l'évolution de la consommation est à l'origine de toutes les décisions importantes quant aux orientations commerciales et au développement des affaires de la société. Les succès remportés lui assurent rapidement une place de chef incontesté du magasin. Les réunions du conseil d'administration, où les débats se font beaucoup moins nombreux à partir de 1912, en portent la trace. Les changements qui interviennent dans la structure de la direction du magasin avant 1939, date de sa mort, changent peu de choses au pouvoir qu'il exerce. Pendant la guerre, il demande d'abord au conseil d'administration qu'un troisième sous-directeur soit nommé aux côtés de Lefèvre et Martinet. C'est Martineau, chef du rayon ménage, qui est choisi¹⁹³. Mais, lorsque Lefèvre part, en 1924, à 67 ans, il n'est pas remplacé¹⁹⁴. L'année suivante et après en avoir émis le voeu à plusieurs reprises, Pariset obtient du conseil d'administration d'être déchargé de la direction du magasin, le développement des activités rendant sa tâche trop lourde. Nommé administrateur-délégué, il continuera "à donner tout son concours à la société". Sur sa proposition, les fonctions de directeur sont confiées conjointement à Martinet et Martineau, "ses collaborateurs dévoués depuis de longues années", qui auront en charge la gestion commerciale de la société. En revanche, les pouvoirs administratifs et financiers, ainsi que la gestion du personnel, restent aux mains des administrateurs-délégués, soit, de fait, de Pariset¹⁹⁵.

Avec l'arrivée de Pariset à la tête du magasin, en 1912, s'ouvrent dix années de forte croissance pour le Grand Bazar, à laquelle les années de guerre participent pleinement. Entre 1914 et 1918, pourtant, le contexte économique particulier dû à la guerre ne permet pas véritablement de poursuivre les nouvelles orientations commerciales définies les deux années précédentes et impose une conversion temporaire parfaitement réussie par le magasin en "commerce de guerre". Mais dès la fin du conflit, le développement du magasin reprend. Ralenti à partir du milieu des années 1920, il n'est stoppé qu'avec la crise des années 1930.