3/ l'expédition

A l'expédition comme dans les rayons et les bureaux, c'est avec la croissance des effectifs, à partir de 1912, que se produisent les changements.

Le service dit de "l'expédition" regroupe en fait l'expédition des achats effectués par les clients mais aussi la réception des marchandises achetées par le Grand Bazar. Les deux grands types de travaux sont donc le déballage des commandes, dont le contenu est vérifié avant qu'elles soient acheminées dans les réserves des rayons et la préparation puis l'emballage des colis à livrer. Les postes de travail ne sont pourtant pas systématiquement précisés dans les dossiers du personnel comme les registres d'entrées et sorties. Aucune femme "B" ne travaille dans ce service avant la guerre. Pour 10 des 17 hommes "B" embauchés, les sources portent la seule mention "expédition". Elle est remplacée par "emballage" pour trois autres et les quatre derniers sont dits "emballeurs".

Les premières femmes "B" sont embauchées à l'expédition en 1916. La plupart des 18 femmes "B" qui entrent avant la fin de la guerre font alors le travail qui était auparavant celui des hommes. D'ailleurs, le registre d'entrées et sorties mentionne "emballeur" au poste d'Alexandrine Dard370, comme pour 9 des 17 hommes embauchés à l'expédition pendant la guerre. Mais après 1918, les hommes reprennent leur place. Les femmes toujours présentes dans le service au retour des hommes sont d'abord mutées. Louise Dintras, l'une des premières femmes (B) entrées à l'expédition en 1916, passe alors vendeuse après le retour des hommes371. Celles qui sont recrutées dans le service par la suite occupent un poste nouveau, celui de femmes de ménage, dont les tâches étaient auparavant occupées par les garçons. Les femmes représentent seulement 14 des 96 entrées de "B" qui ont lieu à l'expédition entre 1919 et 1936. Douze d'entre elles sont femmes de ménage, comme Paule Debon, la première embauchée, en juin 1924372. Les deux dernières ne travaillent que quelques semaines, pour les fêtes de fin d'année, Marie Danet comme "emballeuse" en 1924 et Louise Decerf, dont le poste n'est pas indiqué, en 1931373.

Comme dans les autres services, les taxinomies évoluent dans les années 1920. Il y a désormais, à côté des emballeurs, des aides-emballeurs, comme Jean Daumesnil, embauché en 1923 ou Quentin Dollot en 1926374, des "plieurs de caisses", comme Joseph Decognier en 1928375, des "ramasseurs de caisse", comme Séraphin Denis ou des "tour de caisse" comme Eugène Delcour en 1922 ou Jean Desolneux dix ans plus tard376. Pour seulement 23 des 82 hommes embauchés entre 1919 et 1936, le poste n'est pas indiqué.

Dans les trois derniers services, la réorganisation du travail consécutive à l'augmentation des effectifs ne s'accompagne pas d'embauches de femmes.

Notes
370.

ADR, 133J191, RES2n°432, entrée le 5 mars 1918.

371.

ADR, 133J190, RES1n°339, entrée le 13 juin 1916.

372.

ADR, 133J203, B7n°82, entrée le 30 juin 1924.

373.

ADR, 133J197, B1n°5, entrée le 9 septembre 1924 et 133J199, B3n°71, entrée le 23 novembre 1931.

374.

ADR, 133J199, B3n°8, entré le 22 décembre 1923 ; 133J204, B7bisn°54, entré le 27 novembre 1926.

375.

ADR, 133J200, B4n°73, entré le 22 décembre 1928.

376.

ADR, 133J201, B5n°10, entré le 17 juin 1925 ; 133J202, B6n°59, entré le 18 septembre 1922 et 133J205, B8n°164, entré le 1er juin 1932.