5/ l'inspection

Avant 1914, seul le dossier de Louis Dauphin a été retrouvé. Embauché comme veilleur de nuit en avril 1908, il passe inspecteur deux mois plus tard et reste 20 ans au Grand Bazar. A son entrée au Grand Bazar, il est âgé de 51 ans, retraité depuis deux ans des douanes, où il a fait toute sa carrière. Depuis, il a été pendant un an garçon de peine dans une fabrique de mouchoirs⁵²³. Un tel profil professionnel n'est guère éloigné de celui des inspecteurs recrutés par la suite.

33 hommes "B" sont embauchés à ce poste après la guerre, les dossiers de deux d'entre eux seulement n'ont pas été conservés. "On emploie de préférence des gendarmes retraités, des coloniaux ou des anciens adjudants"⁵²⁴. Cette affirmation de Marcillon est en partie confirmée au Grand Bazar puisque 12 des 31 inspecteurs ont été policiers ou militaires. Huit y ont même fait carrière et sont retraités : Louis Duruy est l'un des six militaires à la retraite⁵²⁵, Jean-Marie Dumoulin était gardien de la paix et Pierre Delaporte gendarme⁵²⁶. Cette communauté d'origine n'empêche pas une diversité des parcours au Grand Bazar. Louis Duruy, embauché à 36 ans, en 1919, reste 24 ans. Jean-Marie Dumoulin, 50 ans en 1921, meurt quatre ans plus tard. Pierre Delaporte reste beaucoup moins longtemps. Il entre une première fois à 58 ans, en avril 1923, pour neuf mois. Il démissionne alors à la mort de son père, puis est employé de bureau dans une entreprise pendant deux ans avant de revenir comme inspecteur au Grand Bazar pour 10 mois et démissionner. Deux autres hommes ont travaillé dans la police et cinq autres ont déjà exercé des fonctions d'autorité et / ou de surveillance de personnel. Parmi eux, on trouve d'anciens chefs de service, comme Eugène Dillard, "chef de magasin et d'entrepôt"⁵²⁷. Il entre au Grand Bazar en 1921, à 52 ans et reste jusqu'à sa mort, en 1938.

Ces métiers d'ordre et d'autorité ne forment pas la totalité des profils antérieurs des inspecteurs. Louis Duchêne, par exemple, entre au Grand Bazar en décembre 1924, à 43 ans. Il était propriétaire d'une boucherie dont il vient de vendre le fonds et auparavant "propriétaire-cultivateur" à Sainte-Foy-lès-Lyon. Nommé adjoint du rayon quincaillerie deux ans après son entrée, il reste neuf ans au Grand Bazar, on ne connaît pas les motifs de son départ⁵²⁸.