2- la rémunération des heures supplémentaires en 1919 et 1930

A partir de 1919, on a connaissance des sommes versées au personnel du Grand Bazar pour les heures supplémentaires effectuées grâce aux registres de déclaration de salaires. Pour les titulaires, ces sommes sont consignées chaque année dans un cahier, intitulé "suppléments aux employés titulaires" en 1919 puis "travail supplémentaire des titulaires" à partir de l'année suivante863. Les salariées y sont classées par services. Sous le nom de chacun-e d'elles et eux s'étend une colonne de chiffres puis le résultat de leur addition. En 1919, il y a 52 valeurs intermédiaires, qui correspondent donc à des montants hebdomadaires, puis seulement 12 en 1930, les montants sont donc mensuels. Aucun livre n'est consacré aux heures supplémentaires des temporaires. Mais dans les registres intitulés "Récapitulations de paies des temporaires", les 52 salaires hebdomadaires perçus chaque année par les temporaires sont loin d'être uniformes et dépassent régulièrement le montant normal. Ces deux sources ne renseignent cependant que sur les sommes gagnées par les salariées au titre des heures supplémentaires. Faute de savoir à quel tarif elles sont rémunérées, on ne sait pas non plus combien d'heures sont effectuées. La loi de 1919 sur la journée de huit heures prévoit les dérogations à la limitation du temps de travail, mais n'évoque à aucun moment la rémunération dont elles doivent faire l'objet. Dans le décret de 1923, la question est abordée uniquement pour les "heures de travail effectuées par application des dérogations prévues au 2e de l'article 6 du présent décret", c'est-à-dire les "dérogations temporaires pour surcroît de travail", pendant les fêtes de fin d'année en particulier. Elles doivent être "considérées comme heures supplémentaires et payées ou compensées conformément aux accords ou usages en vigueur pour les heures de travail effectuées en dehors de la durée normale", usages dont on ne sait rien au Grand Bazar.

Les sources disponibles permettent cependant de connaître la répartition des heures supplémentaires entre les services et les salariées, ainsi que l'évolution du recours aux heures supplémentaires durant les années 1920, avec la mise en place de la loi d'avril 1919, limitant la journée de travail à huit heures. Deux années ont alors été étudiées en particulier, 1919 et 1930. 1919 est la première année où les sources sont disponibles et permet de mesurer l'ampleur du travail supplémentaire rémunéré avant même l'application de la loi. En 1930, la gestion de la main-d'oeuvre a eu le temps de s'adapter à la loi, dont le décret d'application est déjà vieux de sept ans, le personnel et l'activité du Grand Bazar sont à leur apogée. 1930 est enfin la dernière année où les registres de paies ont été conservés.

Notes
863.

ADR, 133J158.