d- l'expédition

Depuis le début de la guerre, l'augmentation du coût des emballages et des frais d'entretien des voitures rendent les livraisons de moins en moins rentables1122. En 1940, la direction du Grand Bazar tente de sauver le service en facturant un prix plus élevé aux clients1123 et en utilisant de la manière la plus intense possible les véhicules. Ainsi la banlieue lyonnaise n'estelle plus desservie que lorsque les voitures sont pleines et, sur le trajet du retour, des marchandises sont enlevées chez les fournisseurs1124. Ces mesures ne sont guère efficaces et les livraisons sont presque entièrement supprimées en 1941. Elles ne sont plus assurées que dans un périmètre proche du magasin, qui investit alors dans un triporteur1125. Les effectifs du service chutent brutalement : de sept emballeurs présents en mars 1941, il n'en reste plus qu'un, deux ans plus tard. La réorganisation du travail se fait, une fois encore, au détriment des emplois masculins. Les femmes sont, à partir de là, aussi nombreuses que les hommes dans le service qui s'appelle toujours "expédition". En 1944, les deux "B" présentes au service sont une femme de ménage et un manutentionnaire chargé de la réception des marchandises, qui représentent les deux fonctions qui sont encore assurées par le service.

Mais après la guerre, c'est au tour des femmes de ménage de disparaître de la structure du travail du magasin. A la différence des livraisons, le service est là confié à une société extérieure. La sous-traitance de cette activité avait déjà été envisagée au printemps 1939, en même temps que celle des travaux ouvriers. A cette date, le conseil d'administration du magasin décide de ne pas donner suite à ce projet, sous prétexte qu'il est important de garder un contrôle étroit sur cette main-d'oeuvre à cause des vols possibles1126. Deux ans plus tard, la question se pose à nouveau et l'essai est même tenté de confier à une entreprise privée le nettoyage et l'entretien des marbres et glaces du magasin. Mais l'expérience ne dure qu'un mois1127 et il faut attendre le printemps 1948 pour qu'elle intervienne1128. Antoinette Dupont, qui, depuis 1942, était la seule femme de ménage ("B") encore présente, reçoit alors sa lettre de licenciement1129. A partir de là, la seule fonction du service est la réception des marchandises livrées au Grand Bazar.

Notes
1122.

ADR, 133J008, PV du CA du 11 avril 1941.

1123.

Idem, PV du CA du 30 août 1940.

1124.

Idem, PV du CA du 29 avril 1941.

1125.

ADR, 133J013, PV du CC du 19 août 1941, 5 décembre 1941 et 9 janvier 1942.

1126.

ADR, 133J008, PV du CA du 7 avril 1939.

1127.

ADR, 133J013, PV du CC du 3 octobre 1941.

1128.

ADR, 133J009, PV du CA du 8 mai 1948.

1129.

ADR, 133J205, B8n°148, entrée le 20 juillet 1925, lettre du 19 mai 1948.