II/ 1936-1940 : des innovations en matière de protection du travail et leur mise en suspens

Les mesures sociales promulguées par le Front populaire au printemps 1936 remettent en cause deux piliers de la gestion de la main-d'oeuvre au Grand Bazar. Les grilles de rémunération établies, dans chaque branche d'activité, par les conventions collectives signées entre les organisations d'employeurs et employeuses et de salariées marquent d'abord la fin de la liberté patronale en matière de salaires. La protection des emplois sort ensuite renforcée des mêmes conventions collectives ainsi que de la législation limitant le temps de travail des salariées. A partir de l'automne 1938, la préparation puis la conduite de la guerre justifient la mise en suspens progressive de ces deux innovations de 1936. L'augmentation de la production de tous les secteurs économiques, priorité étant donnée à l'armement, est l'objectif principal de la politique gouvernementale. Elle prend le pas sur toute autre considération et justifie la remise en cause de la limitation du temps de travail, puis le gel des conditions de travail et des niveaux de salaires. La négociation collective est ainsi dépossédée de ses prérogatives au profit de l'Etat, qui s'arroge progressivement le pouvoir de contrôler le fonctionnement de l'ensemble du marché du travail.