III/ 1941-1950 : l'Etat réorganise le monde du travail

Entre 1941 et 1950, le salariat français est entièrement réorganisé. Contrairement à ce qui s'est passé de 1936 à 1938, le moteur de ces changements n'est plus la négociation collective entre organisations d'employeurs et employeuses et de salariées, d'ailleurs dissoutes par le régime de Vichy, dès l'automne 1940. C'est désormais l'Etat qui, directement, entreprend la refonte des classifications professionnelles de l'ensemble des branches économiques. Les résultats en sont généralement connus comme les classifications "Parodi", du nom du ministre du Travail qui, à la Libération, fait paraître les premières classifications de branche. La parution des textes ministériels s'étend pourtant jusqu'en 1947, soit bien après son départ. Mais la réorganisation de la structure du travail a commencé avant, sous Vichy. La Charte du Travail, en particulier, dont on souligne souvent l'échec, joue un rôle fondamental dans la définition des principes sur lesquels doit reposer la nouvelle hiérarchie du travail et les nouveaux modes de rémunération. Le régime de Vichy ne parvient que partiellement réaliser ses projets, mais la structure du salariat français mise en place à la Libération, des décisions Parodi au SMIG, reprend directement les définitions de la Charte du Travail. Pour mener à bien cette entreprise, le régime de Vichy et les gouvernements de la Libération disposent des instruments de contrôle du marché du travail dont se sont dotés les gouvernements qui ont préparé puis conduit la guerre. Les négociations collectives demeurent ainsi suspendues pendant toute la période et les niveaux de rémunération de l'ensemble des salariées de France sont dans les mains de l'Etat. Le régime de Vichy va encore plus loin en s'immisçant dans les embauches et débauches de personnel par les entreprises, instruments dont ne se départiront pas non plus les gouvernements de la Libération.